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Le PNAI « manque de mesures massives »

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Le plan national pour l'inclusion (PNAI)   (1) permettra-t-il d'éradiquer la pauvreté d'ici à 2010, comme le requiert le Conseil européen ? Sûrement pas, répondent les associations, qui portent sur le document un regard beaucoup plus critique que celui officiellement livré par le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale  (CNLE ) (voir ce numéro). « Nous n'aurions pour notre part pas indiqué la mention “favorable” sur l'avis remis à François Fillon », affirme même Jean-Paul Péneau, directeur général de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS).

Pas de fil conducteur

Si, reconnaissent les associations, le plan 2003-2005 représente un travail interministériel considérable, une avancée par rapport aux deux précédents et contient « un des meilleurs rassemblements de statistiques sur le sujet », il est fortement contesté sur plusieurs aspects. Financier d'abord. « La fiche budgétaire, qui prétend analyser en une vingtaine de lignes 50 milliards d'euros de dépenses, frise le ridicule », juge Jean-Paul Péneau. Cette faille ne fait que renforcer les inquiétudes du secteur, déjà alerté par les gels budgétaires, qui frappent, entre autres, le Fonds de solidarité pour le logement tout comme la lutte contre l'illettrisme (voir ce numéro). « Nous ne savons d'ailleurs toujours pas s'il faut prendre au sérieux le milliard annoncé pour le plan national de renforcement de la lutte contre l'exclusion et la précarité. Nous n'avons pas eu de lumière sur ce chiffre, malgré notre demande », note Bruno Grouès, conseiller technique à l'Uniopss.

Autre grand reproche : le manque de cohérence politique entre les différentes mesures annoncées. «  L'objectif est de maintenir le cap de la loi contre les exclusions de 1998, rappelle Pierre Saglio, président d'ATD quart monde. La logique aurait donc voulu que le plan soit bâti selon une ligne directrice découlant de la dernière évaluation officielle de cette loi, dont nous n'avons pas encore eu connaissance. » Reçue en délégation le 27 juin par le président de la République, ATD quart monde a réclamé le renforcement du pilotage de la politique de lutte contre l'exclusion. Et demandé à cet égard que les propositions formulées dans l'avis du Conseil économique et social (2) - dont Didier Robert, vice-président du mouvement, était rapporteur - soient étudiées dans le cadre de la finalisation du PNAI. Ce à quoi Jacques Chirac s'est engagé. « Nous souhaitons notamment que la politique de lutte contre les exclusions soit pilotée par le Premier ministre, souligne Pierre Saglio. Avec un fil conducteur : l'accès de tous aux droits communs, en évitant les politiques sectorielles. »

Quel avenir à Bruxelles ?

Les associations déplorent également l'absence de « mesures massives » qui permettraient, selon Bruno Grouès, « de faire de la lutte contre l'exclusion une priorité nationale ». Parmi celles-ci : la construction de logements sociaux, avec l'affirmation d'un droit au logement « opposable », mais aussi des actions en matière d'emploi - notamment en abaissant le coût du travail -, indique l'Uniopss, et des mesures de prévention du surendettement.

Plutôt pessimistes, les associations membres du CNLE avouent cependant être prises entre deux feux : leur volonté de critiquer le PNAI auprès du gouvernement et, en même temps, de défendre son existence à Bruxelles. « Au sein du Comité de protection sociale européen [voir ce numéro, page 14] , il y a un courant fort qui penche pour la suppression des PNAI, en faveur de plans plus généralistes englobant la santé et la retraite, explique Gilbert Laouannelle, directeur des actions institutionnelles au Secours catholique. Ce que nous ne voulons pas, car il n'y aurait plus de programme spécifique sur l'exclusion. » Le Comité de protection sociale devrait prochainement décider si, oui ou non, le PNAI 2003- 2005 sera le dernier.

M. LB.

Notes

(1)  Voir ASH n° 2315 du 13-06-03.

(2)  Voir ASH n° 2316 du 20-06-03.

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