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Demandes de sécurité

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Pour lutter contre la délinquance, on ne peut se contenter de renforcer, toujours plus, la politique répressive, sans prendre en considération la pauvreté et le chômage qui sévissent dans les strates les plus fragiles de la population où se recrute la grande majorité des auteurs d'infractions :telle est la conviction d'Hugues Lagrange, étayée par une solide analyse portant sur la situation comparée des grandes démocraties occidentales.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, explique le sociologue, on assiste, de part et d'autre de l'Atlantique, à l'affirmation d'une délinquance plus violente, plus jeune et plus liée aux trafics de drogue. A cette évolution de la criminalité, répond, sous la pression de fortes demandes sécuritaires, un mouvement quasi général de durcissement carcéral, sans que l'accroissement des taux de détention - dont le niveau américain reste néanmoins sans équivalent en Europe de l'Ouest - semble faire la preuve d'une grande efficacité dissuasive. C'est qu'à méconnaître l'ancrage social de la délinquance violente, on ne se donne pas les moyens de mettre en œuvre des réponses susceptibles de l'enrayer. « La société fabrique des délinquants dans la mesure où la part de la population écartée des voies légales de réalisation de soi ou ayant de très faibles revenus augmente », souligne Hugues Lagrange. Selon des combinaisons variables en fonction des pays et de leurs politiques sociales, les situations de pauvreté relative et/ou de chômage durable, qui se sont développées au cours des années 1980-2000, se sont concentrées sur des segments de la population qui ont été précisément le milieu de vie et de socialisation de la majorité des jeunes impliqués dans les violences et le « business ». Par conséquent, si des sociétés riches mais inégales produisent de la délinquance, il convient de chercher à favoriser une plus grande « égalité des possibles », en remédiant, notamment,  au déficit de formation et de qualification des jeunes issus des familles les plus pauvres.

Sans mésestimer l'importance de la dimension contention-sanction des réponses à la délinquance, l'auteur invite à repenser, dans le même temps, les formes d'intervention de l'Etat social. « Faute d'envisager une politique véritablement inclusive, de revendiquer l'intégration de ceux que la compétitivité et le manque de ressources rejettent, fait-il observer, les démocraties occidentales risquent de rester longtemps hémiplégiques. » C'est-à-dire aussi : inefficaces.

Demandes de sécurité. France, Europe, Etats-Unis  - Hugues Lagrange -Ed. du Seuil - 10,50  .

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