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Réforme du mémoire de DEASS : vers une « réelle réflexion théorique »

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L'Association nationale des assistants de service social  (ANAS) s'alarmait récemment dans nos colonnes de l' « allégement » du mémoire, à l'étude dans le cadre de la prochaine réforme du diplôme d'Etat d'assistant de service social  (DEASS)   (1). Martine Noalhyt, directrice de l'école de service social de l'IUT Paris-V (2) et membre du groupe de travail qui a fait des propositions dans ce sens, justifie cette option.

« Le groupe de travail “certification mémoire” qui a fait des préconisations sur ce qui pouvait être attendu d'un mémoire pour l'obtention du DEASS (3) n'avait nullement le dessein d'appauvrir son contenu. Y participaient des assistants de service social dont l'ambition était de requalifier cette épreuve.

« J'ai, entre autres, défendu les modifications suggérées lors de ses réunions. Plus de dix années de participation à des jurys de DEASS m'avaient convaincue de l'existence d'un écart entre l'ambition déclarée de cette épreuve et sa réalisation concrète.

« Je me suis demandée si cette épreuve définie comme travail de recherche n'avait pas pour fonction essentielle d'amener les étudiants à trouver des arguments pour légitimer les pratiques professionnelles et convaincre les autres acteurs sociaux de l'intérêt de l'existence du service social. Ainsi tel mémoire va s'attaquer à la rude tâche de prouver le bénéfice que les usagers retirent d'un accompagnement social. Demande-t-on à un enseignant de prouver dans un travail de recherche qu'il enseigne, que son activité a une réelle utilité sociale ? [...] Mais, dans cette période de remise en cause de notre qualification à laquelle la régionalisation participe avec ses menaces de formations tributaires de la logique d'appels d'offres, les stratégies de défense du service social ne sauraient étonner.

« Le mémoire devait couvrir l'intégralité de la démarche de recherche. Cette ambition autorisait les étudiants à ne pas être rigoureux dans toutes les phases d'un tel travail, voire à faire des contresens. Elle rendait difficile une appréciation négative des jurys, conscients du fossé entre le déclaratif d'un mémoire de recherche et les moyens mis à la disposition des étudiants, ou encore le niveau de reconnaissance du diplôme: baccalauréat + 2.

« Le travail de mémoire tel qu'il était conçu permettait donc de faire l'économie d'un solide recueil de données tant sur le terrain que d'un point de vue théorique. Ainsi le plus souvent, l'étudiant, très rapidement, proposait une hypothèse qui, faute de ce préalable, ressemblait souvent plus à un plaidoyer ou à une incantation qu'à une réelle déconstruction de ses préjugés. Les jurys étant composés, au moins aux deux tiers, de ses futurs pairs, son allégeance au discours dominant en service social jouait comme rite d'initiation.

« Travailler les premières phases d'un travail de recherche afin de proposer une hypothèse qui soit réellement le lieu d'une recherche d'explication, de compréhension, ne me paraît pas préjudiciable au niveau du DEASS.

« Les mémoires qui sont demandés dans un cadre universitaire ont des ambitions diverses puisque aucun texte ne vient en expliciter le contenu. Ils prennent de multiples formes : du rapport de stage au diagnostic, du travail d'exploration théorique à l'énoncé d'une hypothèse ...

« Les modifications apportées au mémoire de DEASS devraient permettre aux étudiants d'élaborer une réelle réflexion théorique nécessaire à tout engagement dans une pratique sans les priver, dans le cadre de la problématisation, d'un travail sur le terrain de confrontation des discours tenus par les acteurs du champ de leur thématique.

« Mais je me trompe sans doute d'enjeu à vouloir dépasser un rite d'initiation qui fédère idéologiquement notre profession... »

Notes

(1)  Et notamment d'un recentrage de cette épreuve sur une démarche de problématisation, sans aller jusqu'à la vérification complète des hypothèses sur le terrain. Voir ASH n° 2308 du 25-04-03.

(2)  Ecole de service social - IUT Paris-V : 143, avenue de Versailles - 75016 Paris - Tél. 01 44 14 44 66.

(3)  Et dont les travaux doivent encore être validés prochainement par le comité de pilotage de la réforme, présidé par la direction générale de l'action sociale.

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