La décision de Gilles de Robien de lever le gel des crédits consacrés au logement social et la présentation, par Jean- Louis Borloo, du projet de loi d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine (voir ce numéro), n'auront pas totalement apaisé les inquiétudes du monde HLM, réuni en congrès du 17 au 19 juin à Lille. « Le constat est simple : la demande s'accroît alors que l'offre se réduit », a rappelé Michel Delebarre, président de l'Union sociale pour l'habitat (USH) (1), soulignant que l'INSEE relève une augmentation de plus de 20 % des demandeurs de logements sociaux entre 1996 et 2002, portant à un million le nombre de demandes , « alors que l'offre de logements sociaux déjà très insuffisante est amputée par une forte baisse de la mobilité au sein du parc locatif social ». Selon Michel Delebarre, la pression des besoins, ajoutée aux 40 000 aanuelles démolitions prévues par Jean-Louis Borloo, nécessite un « programme minimum de 90 000 logements sociaux à réaliser chaque année », alors que le ministre a annoncé 200 000 constructions sur cinq ans.
Le président de l'USH estime, par ailleurs, que le programme de démolition annoncé devrait être assorti d'un accompagnement social « dense » des familles concernées et qu' « avant de démolir, il faut construire pour reloger ». Rappelant que 600 000 logements locatifs érigés avant 1980 n'ont jamais été réhabilités, il juge que l'ensemble du parc social devrait l'être, et pas seulement les quartiers prioritaires, comme l'a annoncé le gouvernement.
Comme les quatre associations de locataires (la Confédération nationale du logement, Consommation logement et cadre de vie, la Confédération syndicale familiale et la Confédération générale du logement), venues au congrès de Lille exprimer leurs revendications, Michel Delebarre réclame la révision des barèmes de l'aide personnalisée au logement (APL) au 1er juillet, et une évolution « plus que significative » du volume des crédits d'investissement destinés au logement social en 2004.
Dans ce contexte de pénurie et d'incertitude budgétaire, les associations d'insertion par le logement revendiquent quant à elles une meilleure reconnaissance de leur rôle. Le 12 juin, la Fédération des associations pour la promotion et l'insertion par le logement (2) a annoncé son souhait de négocier avec le gouvernement un dispositif de « conventionnement solidarité », auquel participeraient les agences immobilières à vocation sociale. « Il n'est pas déraisonnable de demander à un propriétaire d'au moins cinq logements d'en consacrer un au logement social, contre une mesure de défiscalisation des revenus locatifs », a soutenu Patrick Doutreligne, adjoint au délégué général de la Fondation Abbé-Pierre.
(1) USH : 14, rue Lord-Byron - 75008 Paris - Tél. 01 40 75 78 00.
(2) FAPIL : 34, avenue de l'Europe - 38100 Grenoble - Tél. 04 76 40 64 04.