« Les inspecteurs d'académie auront une grande latitude pour la mise en place des auxiliaires de vie scolaire. A chacun de faire ce qu'il voudra, ou plutôt ce qu'il pourra... en fonction de ses moyens. » C'est du moins l'impression retirée de leurs derniers contacts avec le ministère de l'Education nationale par les représentants de la Fédération nationale pour l'accompagnement scolaire des élèves présentant un handicap (Fnaseph) (1). Sentiment confirmé à la lecture du projet de circulaire (2) organisant le recrutement et l'emploi des assistants d'éducation (3). La transition entre le système associatif qui prévalait jusqu'à présent et ces nouveaux emplois publics s'organise difficilement.
Sur les 15 000 postes d'assistants d'éducation créés à la rentrée, 5 000 sont destinés à des auxiliaires de vie scolaire pour l'intégration individualisée des élèves handicapés (les AVS-i, comme les appelle déjà le ministère). La répartition des postes a été faite en fonction de clés démographiques. « Logique, au premier abord, remarque Gilles Paumier, secrétaire général de la Fnaseph. Mais cela ne tient aucun compte de l'existant. Dans la quarantaine de départements où il n'y avait rien jusqu'ici, ce sera un progrès appréciable. Mais là où les associations s'étaient montrées actives en la matière, la dotation se traduit par un recul, parfois très important. » Il cite pour exemple son département, la Sarthe, « qui a démarré il y a 20 ans », mais aussi les Bouches-du-Rhône ou la Réunion.
Les associations s'interrogent d'ailleurs sur l'effectif total d'AVS qui sera réellement mobilisé sur le terrain. En janvier dernier, Luc Ferry avait annoncé la création de 5 000 postes qui, selon lui, venaient s'ajouter aux 1 100 emplois d'aides-éducateurs déjà voués à cette tâche au sein de l'Education nationale et aux 2 500 emplois d'AVS fournis par les associations et les collectivités locales (4). Depuis, il est apparu que ces nouveaux postes avaient vocation à absorber et à remplacer les emplois associatifs (5). Il semble maintenant, à voir ce qui se passe dans certaines inspections, qu'ils intégreront aussi, et en priorité, les anciens aides- éducateurs. Ce qui diminue d'autant les créations nettes et accentue l'effet « peau de chagrin ».
Les conditions d'emploi des futurs auxiliaires de vie scolaire inquiètent aussi la Fnaseph. Les garanties - orales -données quant à leur encadrement, à leur formation, à la prise en charge de leurs frais de déplacement semblent fragiles. Beaucoup, là encore, dépendra des moyens mobilisés par chaque inspecteur d'académie.
L'organisation du tuilage avec le dispositif antérieur ne paraît pas non plus très sûre. Même s'il est maintenant confirmé - alors que certaines directions départementales des affaires sanitaires et sociales tablaient sur la fin de leur activité en juin 2003 - que les associations pourront (devront même) continuer de fonctionner avec les emplois- jeunes en cours de contrat, en tout cas avec ceux qui n'auront pas voulu ou pu intégrer l'Education nationale. Mais le financement des salaires (qui provenait de plusieurs sources) n'est pas confirmé partout. De plus, les associations s'interrogent sur les moyens qu'elles pourront conserver pour l'indispensable encadrement d'un dispositif très diminué en nombre et appelé à s'éteindre progressivement.
(1) Fnaseph : 84/100, rue du Miroir - 72100 Le Mans - Tél. 02 43 16 10 39.
(2) Le texte n'est pas publié, car il vient en application d'un décret non encore paru, mais, vu l'urgence, il a été envoyé en mai dans tous les services académiques.
(3) Voir ASH n° 2307 du 18-04-03.
(4) Voir ASH n° 2295 du 24-01-03.
(5) Voir ASH n° 2302 du 14-03-03.