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La psychiatrie sinistrée, selon CD. psy

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Des listes d'attente de plusieurs mois à un an pour une consultation en cen- tre médico-psycho-pédagogique. Des hôpitaux spécialisés où, pour admettre un malade, il faut en mettre un autre dehors, même s'il n'est pas en état de sortir. Des établissements médico-sociaux où l'on ne compte plus qu'une vacation de psychiatre de deux heures par mois, « juste le temps de signer des feuilles de remboursement pour des soins qui n'ont pas été donnés ». Autant de faits dénoncés par les professionnels - hospitaliers et libéraux - réunis depuis septembre 2002 dans le Collectif permanent pour la défense de la psychiatrie (CD. psy)   (1) qui ont, de nouveau (2), tiré la sonnette d'alarme le 23 mai.

Si l'on compte aujourd'hui 13 200 psychiatres en France, la pyramide des âges est telle qu'il n'y en aura plus, selon les chiffres officiels, que 7 000 en 2015-2020. Or, indique l'association, 700 postes sont déjà vacants dans les hôpitaux spécialisés et 800 (souvent à temps partiel) dans les établissements médico-sociaux. « Le problème est ancien, on ne va pas renverser la situation rapidement, estime le Pr Michel Basquin, vice-président du collectif. Il est d'autant plus urgent de former des professionnels de santé mentale. » Des psychiatres, par une augmentation rapide du numerus clausus, mais aussi des psychologues, sous réserve d'un complément de formation adéquat, des rééducateurs, des psychomotriciens et des infirmiers pour lesquels il est urgent de rétablir une filière spécifique avec une année supplémentaire de formation.

Deuxième impératif, pour CD. psy : il faut cesser de fermer des lits. « Nous étions tous d'accord, il y a 20 ans, pour supprimer des grands hôpitaux. Mais on est allés trop loin, dénonce le Dr Roger Salbreux, et surtout, on n'a pas ouvert assez de structures alternatives. » Elles manquent cruellement dans certains secteurs, notamment pour accueillir les enfants et les adolescents.

Enfin, plaide Roger Salbreux, il faut « réinstaurer des possibilités d'échange authentique » entre professionnels et pouvoirs publics dans les instances consultatives et ne pas se contenter de rapports d'experts « aux conclusions écrites d'avance dans le sens où le souhaite l'administration ».

Aujourd'hui, dénonce CD. psy, un malade peut être hospitalisé 10 ou 12 jours, et ensuite, il doit rentrer chez lui, éventuellement bourré de médicament. « On le range rapidement dans la catégorie des handicapés, comme si son état était stable et qu'il ne relevait plus que d'un traitement social ! Cette dérive a d'évidents motifs économiques, mais aussi idéologiques », juge Roger Salbreux. Selon lui, certains promoteurs de la seule santé publique ont tendance à nier la réalité des maladies mentales... et des traitements de longue durée qu'elle suppose.

« Nous recevons pourtant des personnes en grande souffrance, plaide Michel Basquin. Les mêmes qui, sans soins, se retrouvent souvent à la charge de leur famille, en arrêt maladie de longue durée, ou forment une grande proportion des personnes sans domicile et de la population carcérale.  »

Notes

(1)  CD. psy : 16, impasse Paul-Armangot - 94400 Vitry - Tél. 06 83 10 52 58 - cdpsy@voila.fr.

(2)  Voir aussi l'appel lancé par l'association « Droits aux soins et à une place adaptée », ASH n° 2302 du 14-03-03.

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