Recevoir la newsletter

« Eviter la double pénalisation du milieu scolaire »

Article réservé aux abonnés

L'orientation en milieu spécialisé signifie l'exclusion de l'enfant de l'école et du quartier. Pour éviter cette « double sanction », Jean- Marc Dubois et Gilles Gonnard, tous deux membres du bureau de l'Association nationale des instituts de rééducation (1), proposent que l'enfant reste inscrit dans son école de quartier.

« Depuis plusieurs années, les instituts de rééducation  (IR) observent que le système d'intégration en milieu ordinaire provoque une double “pénalisation” des enfants issus du milieu scolaire spécialisé.

« L'orientation d'un enfant en milieu spécialisé est la conséquence d'une exclusion du milieu scolaire ordinaire. Cette situation est une véritable stigmatisation qui laissera des traces dans son développement. Etre exclu de l'école, c'est être différent de ses frères et sœurs, de ses camarades qui sont scolarisés dans l'école du quartier.

« L'enfant doit alors assumer, sur le plan de l'image de soi, une double “souffrance”. Celle d'une exclusion scolaire qui va créer une atteinte narcissique et celle de l'espace social du quartier dans lequel la famille et les camarades sont inscrits.

« Il convient d'éviter cette double sanction et de réduire cette stigmatisation en proposant que chaque enfant reste inscrit dans son école de quartier, celle de son lieu de vie, et cela de manière “définitive”. Absent momentanément, il sait, et son environnement également, qu'il peut y revenir dès que ses difficultés, ses troubles, seront apaisés ou supportables par son environnement. Il s'agit de laisser une porte ouverte sur un avenir possible en milieu scolaire ordinaire.

« Plus qu'une intégration strictement scolaire, il s'agit d'un droit pour l'enfant afin de lui signifier une place, une identité, une trajectoire à suivre. Dans une recherche de logique d'inclusion, transparaît la nécessité d'être identifié comme une personne inscrite dans son milieu de vie. L'accès à cette forme de reconnaissance doit se faire à tous les âges de l'enfance et en fonction des dispositifs ordinaires existants (de la petite enfance, du lycée).

« Cette inscription permanente est pour les institutions médico-sociales et scolaires l'occasion de réfléchir à un réel travail de partenariat. Les professionnels, indépendamment de leur statut, sont placés sur un pied d'égalité : il n'y a plus de subordination en fonction d'une décision, mais une obligation envers un enfant qui a besoin d'une scolarité spécialisée, de soins et/ou de scolarité ordinaire.

« Cette approche a la particularité de prendre en compte le parcours personnalisé de chacun et de se décliner par la mise en place de moyens spécifiques inscrits dans un projet individualisé contractualisé. Il s'agit là d'un outil “organisateur incontournable”. Il tient une place prépondérante dans l'évaluation des pratiques. Cela peut ouvrir une ère de coopération sur un projet scolaire souple permettant un aller-retour entre le milieu spécialisé et le milieu ordinaire selon l'évolution des difficultés de l'enfant. L'intégration sera alors progressive pour être à temps complet ou bien un retour en milieu scolaire spécialisé sera réalisé.

« Pour les enfants et les parents, la réalisation partielle ou totale du retour dans l'école du quartier devient une composante dynamique de l'évolution des troubles de l'enfant.

« Pour les IR et face à des situations complexes, associer cette prise en charge en alternance et cette inscription sociale dans un lieu ordinaire semble bien adapté à la diversité des situations cliniques et sociales rencontrées.

« Cette démarche va dans le sens d'une affirmation démocratique d'existence pour l'enfant. Cela suppose non seulement de travailler pour lui ou avec lui, mais aussi de mettre en exergue l'importance des liens qui l'unit à son environnement.

« Si nous évoquons ce terme d'inscription en préalable à celui d'intégration c'est bien pour que l'activité du cadre institutionnel s'articule autour d'un signifiant de normalité (l'école). Cette reconnaissance trouve là une forme de consécration statutaire et l'émergence d'une politique prenant en considération le traitement social de l'altérité. »

Notes

(1)  AIRe : 17, rue Monseigneur-Millaux - BP 40 - 35221 Châteaubourg - Tél. 02 99 04 69 55.

LE SOCIAL EN ACTION

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur