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« Un logement, un hébergement pour tous »

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La coordination des travailleurs sociaux de Seine-Saint-Denis (1) est née en novembre 2002 à l'initiative des assistantes sociales départementales pour dénoncer l'afflux des personnes en errance, faute de solutions d'hébergement et de logement (2). Ses initiatrices appellent leurs collègues des autres départements à se joindre à leur mouvement « professionnel et citoyen », comme l'écrit Raffaëlla Bonasia, assistante sociale.

« Etrange, bizarre, aurait dit Knock dans les mêmes circonstances. Quel que soit le qualificatif,  ce qui se passe en ce début d'année 2003 a de quoi surprendre. Mobilisation pacifiste à l'échelon mondial, Porto Alegre et son forum social, manifestation anti-mondialisation ; des mouvements qui montrent combien les inquiétudes sont grandes au regard des choix d'avenir de notre globe. [...] L'humain sera-t-il réduit au rang du “détail” ou sera-t-il au centre des politiques ? Sera-t-il relégué au rang de grain de sable qui vient perturber la rotation d'une machine infernale, formatée pour produire des exclusions ? Les craintes portées par la coordination des travailleurs sociaux de la Seine-Saint-Denis ne se définissent pas en dehors de l'ensemble de ces interrogations ; elles en forment une partie tant le travail social se situe à l'interface de différents mondes, entre populations intégrées et celles des exclus, dans les interstices des systèmes, entre communauté et individualité.

« Ce mouvement ne se construit pas autour de revendications habituelles. Il peut, selon la place que l'on occupe, surprendre, convaincre, servir des intérêts plus particuliers, amuser ou parfois in- quiéter, il n'en reste pas moins un mouvement coordonné et concerté des assistantes sociales qui disent ne plus pouvoir exercer leurs missions dans de bonnes conditions ; c'est pour cela qu'elles scandent, sur de nombreux airs à la mode, “un logement, un hébergement pour tous”.

« Cette revendication se situe aux confins des frontières de “l'humanisme, du syndicalisme et du politique” entre “éthique et sens du travail” et constitue une “véritable lame de fond entre professionnalité et citoyenneté”. Rien à voir avec un populisme ambigu d'intellectuelles qui découvrent le peuple et qui fait de cette découverte “sa cause” sociale, morale, intellectuelle et scientifique, ni même avec le misérabilisme, comportement qui permet de prendre, sans scrupules la parole à la place des pauvres [...]. Il s'agit bien d'un mouvement revendicatif axé sur le sens du travail social lorsqu'il lui manque les outils primordiaux permettant l'insertion ou la réinsertion, etc.

« Ce mouvement ne s'inscrit pas dans une utopie dont l'objectif est de refaire le monde sans considérer l'environnement dans lequel il s'inscrit ; des textes législatifs existent (loi Besson, Gayssot, SRU...) et nous demandons leur application réelle. Nous ne voulons plus être les “hussardes” d'une démocratie qui proclame les individus égaux en droit mais pas dans les faits, en tout cas pas dans toutes les villes (effet pervers de la décentralisation diraient quelques-unes).

« Alors ce qui fait courir Murielle, Augusta, Helena[...] et les autres, de collectif en assemblée générale, de manifestation en journée de grève, c'est l'incertitude qu'offre aujourd'hui le métier de travailleur social, dans ce contexte particulier qui ne permet plus d'offrir un service social et public de qualité.

« “Ni nonnes, ni connes”, scandions- nous en 1991. Nous pouvons aujourd'hui ajouter à ce slogan “ni foules sentimentales avec soif d'idéal”, bien qu'il nous arrive encore parfois, lorsque les réunions sont tardives, de pouvoir admirer “les étoiles” du soir. Nous sommes des travailleurs sociaux qui demandons l'ouverture d'une table ronde sur le thème du logement et de l'hébergement.

« La coordination des travailleurs sociaux a, dès ses premières réunions, considéré que ce type d'action s'inscrivait dans le long terme. Ce n'est pas un nouveau mouvement pour le droit au logement, il s'inscrit dans la complémentarité de ce qui existe [...]. C'est dans cet état d'ouverture que nous vous enjoignons à nous suivre [...] en fonction de vos disponibilités, de vos possibilités et de votre capacité à faire chanter votre imagination. »

Notes

(1)  Coordination des travailleurs sociaux du 93 : 31, avenue du Président-Allende - 93000 Bobigny - Tél. 01 41 60 96 94. Elle rassemble aujourd'hui des assistants sociaux et éducateurs des secteurs privé et public.

(2)  Notamment par le biais d'une lettre-pétition - Voir ASH n° 2294 du 17-01-03.

LE SOCIAL EN ACTION

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