Les pratiques de médiation, fondées sur le respect et la reconnaissance de l'autre, peuvent-elles être utilement mises à profit lors de conflits interculturels ?Pour répondre à cette question - qui ne constitue que l'un des thèmes abordés dans cet ouvrage -, plusieurs de ses promoteurs analysent la démarche d' « intermédiation culturelle » engagée, depuis 1992, par le tribunal pour enfants de Paris en collaboration avec l'équipe du laboratoire d'anthropologie juridique de Paris (LAJP) dirigé par le professeur Etienne Le Roy (voir notre reportage, ASH n° 2306 du 11-04-03). Cette expérience, initiée par des magistrats, tente de conjuguer universalisme républicain et pluralisme des systèmes de référence en œuvre quand les familles suivies sont d'origine étrangère. Introduite dès le début ou en cours d'intervention - et susceptible de se poursuivre, sur décision judiciaire, par des entretiens entre le médiateur et la famille en dehors du tribunal -, l'audience d'intermédiation culturelle peut avoir lieu si le juge des enfants a le sentiment que la famille ne comprend pas les raisons de sa saisine ou n'arrive pas à exprimer ses conceptions éducatives, ou bien lorsque le magistrat a lui-même des difficultés à appréhender la problématique de ses interlocuteurs. La médiation se veut « un passage, un espace transitionnel, un “entre-deux”, une passerelle entre deux mondes », comme le souligne Thierry Baranger, aujourd'hui premier juge des enfants au tribunal de Bobigny.
Médiation et diversité culturelle. Pour quelle société ? -Collectif sous la direction de Carole Younes et Etienne Le Roy -Ed. Khartala - 25 € .