L'accompagnement des familles migrantes et, plus généralement, le travail social en milieu culturellement hétérogène ne va pas de soi. Tout particulièrement en France, estime le chercheur Saïd Bouamama. Fruit de l'histoire du pays, son ambition universaliste se conjugue à une « allergie à l'altérité » pour aboutir à « la négation des cultures sociales et de classes », c'est-à-dire à postuler l'existence d'une culture unique, certes inégalement répartie, qu'il convient de faire démocratiquement partager à ceux qui en sont exclus, car seule valable. A fortiori, bien sûr, ce point de vue rend d'autant plus problématique la rencontre avec la diversité culturelle portée par des populations d'origine étrangère, ressortissant en outre de milieux socio-économiques démunis - alors que les travailleurs sociaux incarnent, bon gré, mal gré, une culture à la fois différente et dominante, souligne le psychologue René Mokounkolo. De part et d'autre, le malaise et l'incompréhension sont donc souvent grands. D'où l'intérêt des nombreux éclairages présentés dans cet ouvrage, théoriques ou plus pratiques, et centrés sur une question ou une population particulière. Prendre en compte la diversité culturelle sans tomber dans une valorisation folklorisée et marginalisante des particularismes, ni dans le réductionnisme culturaliste, tel est l'enjeu de l'approche interculturelle dans l'action sociale.
Le travail social face à l'interculturalité. Comprendre la différence dans les pratiques d'accompagnement social - Collectif sous la direction d'Emmanuel Jovelin - Ed. L'Harmattan -28 € .