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Le drame de Zambie, une « affaire collective »

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Réagissant à la mort d'un adolescent à la suite de violences subies lors d'un séjour de rupture, Joël Henry, éducateur spécialisé (1), pointe les dérives institutionnelles pouvant aboutir à une telle tragédie.

« Tristes tropiques... Stanislas Tomkiewicz est mort en janvier dernier et le jeune C... vient de succomber en Zambie, au cours d'un “stage de rupture” où la violence est érigée en vertu éducative.

« Le premier, victime des camps de concentration, a lutté toute sa vie contre l'injustice et la barbarie, dans le monde comme dans les institutions pour enfants, mais le second vient pourtant de mourir dans des conditions telles que le pseudo-“éducateur” encadrant ce “stage” a été incarcéré pour “séquestration et violences aggravées sur une personne vulnérable”.

« Ce dernier, ne possédant aucun diplôme d'éducation spécialisée, a été recruté par une association parisienne sur son “profil” de culturiste, ancien légionnaire, ex-tenancier d'un camping, parce qu'il connaissait bien la faune zambienne.

« L'instruction en cours devra établir les liens de cause à effet entre la mort de l'adolescent de 15 ans et les sévices dont il a été victime de la part du groupe et de l'encadrant. Mais, d'ores et déjà, il importe de dénoncer un certain nombre d'éléments institutionnels engendrant un aboutissement aussi tragique qu'inacceptable :

« Depuis toujours et encore actuellement, des représentants des pouvoirs publics ferment les yeux, autorisent l'émergence de pareilles structures, les conventionnent, les financent et les utilisent, sous différents motifs, économiques et de vicariance par rapport aux refus, parfois allégués, d'accueil dans les établissements spécialisés.

« Au nom de projets pédagogiques innovants, du changement confondu avec le “bougisme”, certaines associations et fédérations intègrent, amalgament, de telles activités trop vite labellisées comme éducatives ou sociales, aux fins d'occuper ou de conquérir des territoires disponibles, dans le microcosme actuellement déstabilisé et re-territorialisé.

« Quant aux professionnels, les drapeaux n'étant plus sur les tours, leur combativité collective semble de plus en plus émoussée, empreinte du doute ambiant et d'insécurité, noyant les nécessaires et salubres altérités respectives dans une confusion de tâches.

« La responsabilité de la mort du jeune, confié par un service d'un conseil général à ce stage “de rupture”, est donc une affaire collective dont, dans la dérive générale et, selon la chanson, “les prétendus notaires” ne sauraient s'exonérer par la seule culpabilité du soi- disant éducateur, bouc émissaire, tyranneau musclé, mis en cause à Brest.

« “Si rien n'est vrai, tout est possible”, écrivait voici un siècle Dostoïevski... Tout mais pas cela, toutefois, car Tom et cet ado ne doivent pas être morts pour rien. Plus jamais ça, après la tragédie de Zambie.

« La loi récente de rénovation sociale peut constituer, en l'espèce, une condition nécessaire dans la mesure où elle ne se réduira pas à de simples exercices de style rédactionnels et orga- nisationnels.

« Mais l'épreuve majeure demeure, de la part des instituants, celle d'autres choix politiques et financiers.

« Quant aux institués, les professionnels diplômés notamment, il est temps qu'ils (ré) affirment avec force leurs positions éthiques collectives et claires et qu'ils soutiennent, à contre-courant, des modalités techniques, cliniques, spécifiques et irréductibles.

« Ce n'est plus seulement une nécessité mais un devoir, de mémoire et, surtout, d'avenir. »

Notes

(1)  Joël Henry : « Valmeray » - 14370 Airan - Tél./Fax : 02 31 23 91 25. Sur cette affaire, voir aussi notre information ci-contre.

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