Le groupe de travail sur les métiers d'accueil de la petite enfance dans les structures collectives, animé par Marie-Claude Petit, présidente de Familles rurales, a remis, le 16 avril, son rapport au ministre de la Famille, Christian Jacob (1).
Le texte dresse un état des lieux, focalisé sur trois professions : les puéricultrices (qui seraient 11 000 en activité), les auxiliaires de puériculture (60 000) et les éducateurs de jeunes enfants (EJE) (9 000), les deux premières relevant du secteur sanitaire, la troisième du secteur social. Il note cependant que 43 % des salariés en poste n'ont pas de diplôme. La petite enfance ne souffre pourtant pas d'une crise des vocations, puisque les candidats sont dix fois plus nombreux que les places de formation initiale à pourvoir. Il reste que le taux « d'évaporation » des professionnels semble très élevé (de 7 à 11 % par an selon les métiers, d'après une récente étude dans trois départements franciliens). Faute de perspectives de carrière, indique le rapport, sans pousser plus loin l'analyse. Reprenant à son compte le constat des difficultés de recrutement par manque de professionnels qualifiés, il l'estime « difficilement quantifiable », mais ne doute pas qu'il va s'aggraver, sous le double effet des départs en retraite et de l'augmentation des capacités d'accueil. Déjà, depuis dix ans, le nombre de places créées en crèches et en haltes-garderies (+ 33%) augmente plus vite que les effectifs en formation, le déficit étant cependant moins marqué chez les EJE (un millier de diplômes sont délivrés chaque année, soit 21 % de plus en dix ans).
Parmi les 23 recommandations formulées, la plupart visent donc à favoriser le recrutement et l'accès à la formation - avec un vœu d'amélioration de la mixité dans des métiers actuellement occupés de 95 % (pour les EJE) à 99 % (pour les auxiliaires) par des femmes. Il s'agit notamment d'accroître le nombre de places dans les centres de formation, l'Education nationale pouvant aussi prendre une part dans l'augmentation de l'offre. La formation en cours d'emploi des agents non qualifiés devrait être encouragée, la validation des acquis de l'expérience accélérée et les passerelles développées entre les métiers de la petite enfance et ceux de l'aide à la personne. Les perspectives de carrière devraient être ouvertes, suggère aussi le rapport, notamment l'accès à la catégorie A de la fonction publique pour les éducateurs de jeunes enfants.
Le texte insiste aussi sur l'importance des frais de scolarité. Il demande leur plafonnement ainsi que l'augmentation du nombre d'élèves aidés, soit par des bourses, soit par la formation de demandeurs d'emploi. Quant au contenu des formations, il devrait être actualisé, celle des éducateurs de jeunes enfants (qui pourrait être portée de 27 mois à trois ans) devant mieux prendre en compte les questions de parentalité, l'accueil des enfants handicapés, la diversité culturelle et mieux préparer à l'exercice des fonctions de direction.
Sans s'avancer lui-même sur la question, le rapport propose de confier à des commissions départementales le soin d'évaluer l'évolution des besoins de formation, un observatoire de la petite enfance, piloté par la caisse nationale des allocations familiales, étant chargé de la synthèse au plan national. Il suggère aussi qu'en cas de besoin immédiat, des plans d'urgence puissent être mis en place par les directions régionales des affaires sanitaires et sociales et insiste pour que les spécificités des territoires soient mieux prises en compte.
(1) La commande date du 22 octobre (voir ASH n° 2282 du 25-10-02, p 9). Le texte est disponible sur