Une personne sans domicile fixe sur quatre se juge dépressive et 20 % souffrent de migraine. Plus globalement, 16 % se considèrent en mauvaise ou en très mauvaise santé, contre 3 % dans la population générale. 65 %déclarent une maladie grave ou chronique (contre 32 %). Tels sont, sans surprise, les principaux résultats, côté santé, de l'enquête menée en 2001 par l'INSEE auprès des personnes qui utilisent les services d'hébergement ou de restauration gratuits (1). Néanmoins, 53 %des sans domicile se sentent plutôt en forme, contre 81 % des personnes ayant un logement (2).
De même que les douleurs dentaires non soignées ou les déficiences oculaires non corrigées sont deux fois plus présentes chez les sans-abri que dans l'ensem- ble de la population, la prévalence des maladies est également deux fois plus importante, qu'il s'agisse des atteintes respiratoires ou cardio-vasculaires, de l'hypertension ou des problèmes de peau. Elle est même cinq fois plus fréquente pour les séquelles d'accident ou de maladies graves, les désordres du système digestif et les migraines. Enfin, trois sans domicile fixe sur dix souffrent de graves troubles du sommeil, dix fois plus que l'ensemble de la population.
Pour l'INSEE, la surreprésentation des personnes issues des catégories d'ouvriers et d'employés explique pour partie ces résultats, à laquelle s'ajoutent les conditions de vie défavorables et le recours plus tardif aux soins. Pourtant, la moitié des personnes fréquentant les services d'aide n'ont jamais dormi dans la rue, cependant que 13 % y ont dormi plus de un an. Chez ces derniers, la fréquence des maladies psychiques paraît particulièrement accentuée, sans que l'on sache si elles sont une cause ou une conséquence de la vie à la rue. Les deux, sans doute...
Pourtant, les sans domicile ont recours au médecin à peu près autant que l'ensemble de la population : 84 % en ont vu au moins un dans l'année et, lorsque c'est le cas, ils consultent en moyenne huit fois l'an. Par contre, un sur trois a été hospitalisé au moins une nuit dans l'année, trois fois plus souvent que le reste de la population. Là encore, la prévalence des troubles psychologiques apparaît très forte puisqu'ils sont la cause de 24 % des hospitalisations, taux à majorer de 3 % si l'on ajoute les tentatives de suicide.
Enfin, l'enquête révèle que 60 % des personnes interrogées bénéficient de la couverture maladie universelle, tandis que 12 %déclarent n'avoir pas de carte de sécurité sociale et 8 % semblent n'avoir aucune protection sociale. Parmi ces dernières, sept sur dix sont des étrangers.
(1) INSEE Première n°893 - Avril 2003 -
(2) Sur le lancement de cette enquête, voir ASH n° 2197 du 12-01-01 et sur ses premiers résultats, voir ASH n° 2248 du 1-02-02.