« L'évolution de l'épidémie de sida dans les départements d'outre-mer demeure préoccupante et ne paraît toujours pas maîtrisée », s'inquiète le Conseil national du sida (CNS) dans un rapport (1) présenté le 3 avril. En effet, le taux d'incidence du sida y est près de 7 fois plus élevé qu'en métropole : entre 2001 et 2002, on dénombrait 17 nouveaux cas de sida pour 100 000 habitants contre 2,5 dans l'Hexagone.
Fort de ce constat, le CNS a adressé dix recommandations aux services de l'Etat, aux collectivités territoriales ainsi qu'aux élus locaux et aux personnels médicaux. Il les invite notamment à veiller au respect des droits des patients inscrits dans la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé (2) ainsi qu'à promouvoir une éducation générale à la santé. Sur ce dernier point, l'Education nationale est présentée comme ayant « un rôle primordial » à jouer. Les services de la Jeunesse et des Sports ainsi que les associations sportives sont également sollicités. De surcroît, le conseil recommande de favoriser la prise en charge sociale des patients et leur réinsertion en facilitant notamment leur accès à l'emploi et au logement. « En particulier, l'accès aux différents types d'hébergement doit être rapidement développé par les pouvoirs publics, de même que doivent être encouragés et soutenus les projets des associations dans ce domaine. »
Par ailleurs, pour le conseil, l'activité de dépistage anonyme et gratuit doit être accessible à tous. Aussi, doit-elle être mobile et décentralisée afin de toucher les personnes les plus exposées au risque de contamination et les plus fragilisées, parmi lesquelles figurent les détenus, les toxicomanes, les prostitués et les migrants. En outre, afin de garantir aux habitants d'outre-mer comme aux métropolitains un égal accès à l'offre de soins, le CNS préconise d'améliorer l'accès à l'aide médicale de l'Etat pour les étrangers en situation irrégulière, qui ne peuvent bénéficier de la couverture maladie universelle. En effet, nombre d'entre eux ne pouvant justifier de leur résidence « habituelle » en France, se voient privés de la possibilité de recourir à ce dispositif.
Enfin, le Conseil national du sida met tout particulièrement l'accent sur la situation de la Guyane, terrain de « prédilection » du virus où, malgré les moyens médicaux, administratifs et financiers appropriés, « manque, semble-t-il, une volonté politique de faire de la santé une préoccupation majeure ». Aussi prône-t-il la mise en œuvre d'un plan général sanitaire et social avec comme priorité l'éducation générale à la santé déclinée dans le réseau scolaire par les services du rectorat et relayée par les médias locaux. Il conseille également de promouvoir la création de structures d'accueil nécessaires à la prise en charge sociale des patients.
(1) Repenser la politique de lutte contre le VIH/sida dans les départements d'outre- mer - Conseil national du sida - Disponible sur
(2) Voir ASH n° 2262-2263 du 17-05-02.