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Retour sur l' « affaire » du centre éducatif fermé de Lusigny

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Le premier centre éducatif fermé  (CEF), situé à Lusigny, dans l'Allier, a ouvert ses portes le 17 mars dans un contexte polémique, lié à la fois à la nature de ces nouvelles structures et au projet de celui-ci en particulier.

« Vous savez, on a été tellement embêtés... » Ainsi doit-on expliquer, selon la secrétaire du CEF « Epivie », dans l'Allier, le mutisme de son supérieur : rien à faire, Roland Ducout, le directeur, malgré nos nombreux messages, n'a pas souhaité répondre à nos questions. Pas plus, d'ailleurs, que le cabinet du ministre de la Justice... vers lequel nous avait renvoyés la direction de la protection judiciaire de la jeunesse  (PJJ), qui elle-même « ne communique pas sur le sujet ». Bref, silence radio sur toute la ligne, sans doute pour contrebalancer la surexposition dont a fait l'objet ce CEF, destiné à accueillir huit jeunes filles de 14 à 17 ans, délinquantes multirécidivistes.

De fait, le Syndicat national des personnels de l'éducation surveillée (SNPES) -PJJ-FSU et le Syndicat de la magistrature ont dénoncé, le 21 mars, le « contenu sexiste, moralisateur, anachronique et contraire aux droits fondamentaux de la personne » du projet du centre proposé par l'Association pour l'éducation renforcée  (APLER), issue d'un club de rugby et qui gère déjà cinq centres éducatifs renforcés. Le Planning familial et le Collectif national pour les droits des femmes ont fait de même le 5 avril.

Incriminés, le « besoin de s'identifier positivement à des rôles féminins », celui « d'établir une image positive du corps » grâce à la venue notamment d'une esthéticienne et d'une coiffeuse, les cours de « composition florale », inscrits dans le projet du centre, ou encore le tour de poitrine à renseigner sur la fiche d'inscription. Moins anodins, la nécessité d'arriver le jour de l'admission avec les résultats d'un test de grossesse, ou encore, selon le règlement intérieur, l'interdiction des contacts téléphoniques avec la famille avant la fin de la sixième semaine de placement. Deux mesures dont, soulignent le SNPES-PJJ-FSU et le Syndicat de la magistrature, la première constitue une « infraction à la loi régissant les droits des usagers en matière de santé » et la seconde « contrevient gravement aux dispositions de la loi du 2 janvier 2002, qui garantit le droit des personnes accueillies dans un établissement social ». Depuis, ces deux dispositions auraient d'ailleurs été supprimées, ce que nous aurions souhaité que Roland Ducout nous confirme...

A l'Union nationale des associations de sauvegarde de l'enfance, de l'adolescence et des adultes  (Unasea), à laquelle l'APLER n'adhère pas mais qui a choisi de mener une politique de communication commune aux quatre premiers CEF associatifs, on tente de calmer le jeu. « Il s'agit plus de maladresse que d'une volonté d'infantiliser les jeunes filles dans le cadre d'une prise en charge traditionaliste. Tout ceci va être corrigé dans le temps », tempère Michel Franza, le directeur adjoint de l'Unasea. « Il faut aussi tenir compte du public. On est obligé de remobiliser ces jeunes autour de valeurs très basiques, qui, pour les gens “intégrés”, peuvent paraître simplistes », ajoute-t-il, relevant que « le projet est passé sous les fourches caudines de la direction régionale de la PJJ et de l'administration centrale ». Pour Régis Lemierre, porte-parole du Syndicat de la protection judiciaire de la jeunesse (SPJJ) -UNSA, il y a eu un « défaut de contrôle de la part de l'administration, qui aurait dû veiller à ce que le projet du premier CEF ne puisse prêter le flanc aux critiques ». Surtout que le syndicat majoritaire parmi les éducateurs de la PJJ- le SNPES-PJJ-FSU -, n'a jamais fait mystère de son opposition de principe à ces structures. Le SPJJ-UNSA et l'Unasea se rejoignent pour rejeter cet a priori  : « Ce n'est pas parce que ces centres sont dits “fermés” que tout ce qui y sera fait sera intrinsèquement répressif », insiste Régis Lemierre. « On traîne ce nom comme un boulet, mais ces centres ne sont pas fermés. Toujours faire référence aux structures des années 50, c'est de la malhonnêteté intellectuelle », renchérit Michel Franza.

Céline Gargoly

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