Dans une société qui se veut de plus en plus compétitive et performante, « un seul marché de l'emploi pour tous, c'est de l'exclusion pour beaucoup », rappelle Gérard Zribi, président de l'Association nationale des directeurs et cadres de centres d'aide par le travail (Andicat) (1), en présentant les conclusions d'un colloque tenu à Paris les 18 et 19 mars . Forte de cette conviction, l'association réaffirme donc avec vigueur - dans un contexte où certains mettent en cause le principe même des CAT- la nécessité de consolider et d'améliorer un « second marché de l'emploi adapté, sociabilisant et ouvert sur l'environnement ». A l'articulation du social et de l'économique, mais moins avec l'impératif de créer de la valeur marchande qu'avec le souci d'offrir, « toujours davantage, des conditions formatrices et valorisantes » pour les personnes qui y travaillent.
Pour celles-ci, l'association revendique un revenu permettant une véritable intégration sociale. « Jadis, rappelle Gérard Zribi, 80 % des personnes travaillant en CAT touchaient de 116 % à 127 % du SMIC. Depuis un décret funeste de 1990, ces mêmes travailleurs ne touchent plus, en moyenne, que 88 % du SMIC. Ce qui contraint beaucoup d'entre eux à renoncer à un logement autonome et à vivre en foyer, uniquement pour des raisons financières. »
Autre attente : une réforme qui, tout en laissant aux CAT leur statut d'institution sociale, étende aux salariés handicapés les dispositions communes du droit du travail en matière d'expression, de représentation, de formation professionnelle, d'aide au logement, etc.
Pour les CAT eux-mêmes, Andicat voudrait voir établis des objectifs et des règles clairs, pérennes, connus de tous, qui s'imposeraient aussi bien à l'Etat - lequel ne pourrait diminuer ses financements d'année en année comme il le fait depuis 15 ans - qu'aux associations gestionnaires et aux directeurs. Dernier souhait : un encouragement au développement d'un « secteur semi-protégé », par exemple avec des formules d'ateliers de travail protégé en milieu ordinaire ou de détachement, ce qui suppose le financement des moyens d'accompagnement nécessaires. Autant d'avancées qu'Andicat espère voir actées à l'occasion de la prochaine révision de la loi de 1975.
(1) Andicat : 1, avenue Marthe - 94500 Champigny-sur- Marne - Tél. 01 45 16 15 15.