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« Eviter l'approche caritative de la solidarité »

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Comment défendre le projet associatif face au développement d'une économie de marché ? L'Uniopss (1) s'est engagée avec ses adhérents dans une « refondation » de son organisation. Le point avec Hubert Allier, son directeur général, après les deuxièmes assises de l'union organisées le 20 mars à La Plaine-Saint-Denis.
Pourquoi cette refondation ?

Il s'agit pour nous de répondre à la question : à quoi sert notre union en 2003 ? En quoi et comment les spécificités non lucratives sont-elles utiles, nécessaires, performantes pour contribuer à créer plus de solidarité, de fraternité, de cohésion sociale, dans un contexte de globalisation dominé par une économie de marché ? C'est ce défi que nous voulons relever en « refondant » notre union sur des bases plus lisibles.

Concrètement ?

Il y a trois ans, le conseil d'administration a lancé un chantier stratégique afin de redéfinir les missions politiques et les valeurs fondamentales de l'union pour, ensuite, adapter ses méthodes de fonctionnement et d'organisation. Sa mise en oeuvre a commencé avec les assises de Tours, le 28 mars dernier. Il s'agit en particulier d'améliorer les relations entre l'union nationale, les adhérents nationaux et les 22 Uriopss ; mais aussi d'avoir une vision plus claire de la complémentarité entre les mouvements associatifs représentés au sein de l'union, d'une part, et les syndicats d'employeurs et les branches professionnelles, d'autre part. Dans cette perspective, une charte de l'union, dont le premier chapitre a été adopté à l'unanimité par ses adhérents, est en cours d'élaboration.

Votre réorganisation intervient au moment où est lancée la réforme de la décentralisation...

Ce qui la rend d'autant plus nécessaire car, dans le nouveau paysage administratif, toutes les têtes de réseaux associatives vont devoir se poser la question de leur organisation. Et là les Uriopss peuvent jouer un rôle important. Sur le fond, si nous sommes favorables à la décentralisation, encore faut-il qu'elle respecte certains principes. Or, les conséquences en termes de transfert de compétences ne sont pas encore totalement éclaircies. Nous craignons notamment que cette réforme reste une affaire de collectivités territoriales et que l'Etat ne se retrouve plus qu'avec un projet en creux (les compétences que les élus ne veulent pas.) Il faut qu'on s'interroge collectivement sur ce qu'est un Etat garant dans une République décentralisée. Qu'est-ce que cela signifie au regard de la solidarité nationale, de l'équi- libre du territoire, du développement durable ? Si les départements voient s'accroître leurs compétences sociales, quelle sera la place des services déconcentrés et des autres acteurs : caisses de Mutualité sociale agricole, caisses d'allocations familiales, associations ? Va-t-on vers une gestion contractualisée du bien public élargie aux autres partenaires que les élus ?

On a plutôt le sentiment aujourd'hui d'une mise à l'écart du secteur associatif... 

Mise à l'écart, je ne pense pas, en termes d'acteurs mettant en œuvre des projets ou prestations nécessaires. Tout le monde est unanime à considérer que dans le secteur du handicap, de l'exclusion, des personnes âgées, les associations sont essentielles. Mais une certaine mise à l'écart en tant qu'acteurs capables d'observer et d'évaluer les besoins. Nous nous interrogeons sur le développement d'une vision trop financière de la solidarité pour les années à venir : la réduction du débat sur les personnes âgées à un débat sur les coûts est pour le moins choquante !

Que peuvent proposer les associations ?

Au vu de l'évolution des mentalités et du contexte économico-financier, nous craignons qu'on ne tombe dans une approche ou gestionnaire ou caritative de la solidarité, comme le voudrait d'ailleurs le Medef. Au risque de laisser les plus fragiles sur le bord de la route d'une certaine intégration. D'où la nécessité pour l'ensemble du secteur associatif sanitaire et social de réfléchir à son fonctionnement, son organisation et, éventuel- lement, aux formes juridiques que peuvent prendre certaines des actions qu'il conduit. La loi de 1901 n'est peut-être pas toujours adaptée. Nous aimerions notamment réfléchir à d'autres statuts juridiques non lucratifs peut-être plus adaptés à certains types d'actions (unions d'économie sociale, sociétés coopératives d'intérêt collectif , groupements d'employeurs etc.). Le coeur resterait néanmoins le projet associatif, élément fondateur de toutes les actions conduites. Propos recueillis par Isabelle Sarazin

Notes

(1)  Uniopss : 133, rue Saint-Maur - 75541 Paris cedex 11 - Tél. 01 53 36 35 00.

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