La Commission européenne a dressé, le 14 mars, une synthèse des principales recherches qu'elle a financées en matière sociale et économique. Ses conclusions mettent particulièrement l'accent sur les errements des politiques d'inspiration sécuritaire ou libérale qui ont cours dans plusieurs pays européens (1).
Selon une première étude, il n'existe ainsi aucun rapport de cause à effet entre immigration, criminalité et chômage. Au contraire, les immigrés ont « tendance à accepter des emplois marginaux dont les ressortissants de l'Union européenne ne veulent pas ». « Si l'immigration diminuait, l'Europe pourrait souffrir d'une pénurie de main-d'œuvre », ajoute le commissaire européen en charge de la recherche, Philippe Busquin. Le rapport établit également que les immigrés ne sont pas la cause de l'économie souterraine mais plutôt que celle-ci agit comme un aimant sur les immigrés les plus pauvres et, après qu'ils se sont intégrés dans cet environnement, les incite à rester en Europe. Enfin, l'étude montre que la discrimination que subissent certains immigrés peu après leur arrivée constitue vraisemblablement un facteur d'inégalité et de fracture sociales. Le « haut taux » de criminalité qui leur est imputé résulte davantage de leur statut précaire qui facilite leur incarcération et de la criminalisation des filières d'immigration que de leur nationalité.
Dans un autre domaine, l'enseignement, les chercheurs arrivent à la conclusion que l'introduction de mécanismes de marché pourrait contribuer à des inégalités en matière d'éducation et à l'exclusion sociale des groupes défavorisés. Mais, étant donné la diversité des systèmes d'éducation et de formation et des marchés de l'emploi en Europe, il est peu probable que les mesures politiques aient la même efficacité dans des contextes différents. Il importe plutôt de réduire l'échec scolaire et/ou de prévoir pour les jeunes d'autres moyens d'acquérir des qualifications.
(1) Rapports disponibles sur le site Internet