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Les personnes âgées, « variable d'ajustement budgétaire »...

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 Cl airement, cette année, les personnes âgées ont été prises comme variable d'ajustement budgétaire. Notamment les plus démunies d'entre elles, les plus fragiles, celles qui sont en établissement. » C'est Michèle Dange, de la Fédération nationale de la mutualité française, qui résume le sentiment des 14 organisations réunies à Paris, le 18 mars, pour expliquer « les raisons de la colère » des responsables d'établissements d'hébergement pour personnes âgées (1). Le même jour, des réunions identiques ont été tenues dans 70 départements pour témoigner de la mobilisation de l'ensemble d'un secteur public, associatif et lucratif, uni pour la première fois - qui se sent décidément le « parent pauvre » du monde social et médico-social.

Objet particulier de ce courroux : le « zéro euro » inscrit dans le budget 2003 de la sécurité sociale pour financer le programme d'amélioration de la qualité des maisons de retraite. « Pourtant, a rappelé Gérard Vincent, de la Fédération hospitalière de France, le gouvernement s'était engagé à respecter le plan portant sur les années 2001-2005, qui prévoyait 183 millions d'euros par an pour l'amélioration des soins. » L'octroi de ces moyens nouveaux était conditionné à la signature d'une convention tripartite, liant l'établissement, le conseil général et l'Etat. Sur les 8 000 conventions attendues, 1 400 ont été conclues avant la fin 2002, dont 350 rien qu'en décembre, « signe que le mouvement (qui a démarré lentement) était enfin lancé, note Luc Broussy, du Synerpa. Or, depuis le début de l'année, aucune convention n'a été signée, selon la consigne (orale) reçue par les directions départementales des affaires sanitaires et sociales. Non sans raison, puisqu'il n'y a pas de financement. »

Dans un « communiqué préventif » publié le 13 mars, le secrétaire d'Etat aux personnes âgées, Hubert Falco, dénonce « des informations exagérément alarmistes qui ne sont pas conformes à la réalité », juste avant de confirmer les informations diffusées par les organisations... Oui, il y a bien 300 millions de mesures nouvelles inscrites au chapitre personnes âgées, dont 170 millions pour les habituelles revalorisations salariales, 40 millions pour les créations de places promises et 90 millions pour l'effet report des conventions 2002. Solde :zéro pour les nouvelles conventions, alors que le Parlement avait décidé d'en financer 1 800 en 2003.

« Pourtant, ce plan quinquennal n'avait rien de miraculeux ni même d'ambitieux, rappelle Gérard Vincent. Il ne s'agissait que d'amorcer un processus de remise à niveau. » En France, le taux d'encadrement s'établit dans les maisons de retraite à 0,4 salarié pour un résident (moitié moins qu'en Grande-Bretagne, trois fois moins qu'en Suisse), alors que les personnes accueillies sont de plus en plus âgées et de plus en plus dépendantes. L'âge d'entrée tourne autour de 83 ans et l'âge moyen atteint 87 ans. « Et c'est à ces personnes-là que l'on demande d'attendre des jours meilleurs ! », s'exclame Claude Jarry, de la Fnadepa, en parlant de la « misère » et la «  maltraitance  » de fait de bien des maisons de retraite. « Trop souvent, nous tolérons l'inacceptable », témoigne aussi le Dr Serge Reingewirtz, du Syndicat national de gérontologie clinique, évoquant les 17 minutes données chaque matin à une aide-soignante pour lever, faire la toilette, habiller, faire le lit et donner le petit déjeuner d'une personne grabataire, classée en GIR 1. « Résultat : à la moindre aggravation de l'état de santé, on est obligé d'hospitaliser. » 10 % des urgences et 40 % des hospitalisations sont liées aux personnes âgées. « Même sous l'angle économique, c'est un mauvais calcul, plaide Didier Sapy, de la Fnacppa. Les 183 millions qui devraient être investis chaque année pour les conventions ne représentent pas un coût net. Il faut en déduire les frais d'hospitalisation indus, mais aussi les 55 millions actuellement dépensés pour les soins de ville dans les établissements non médicalisés. Sans compter les retombées des milliers d'emplois qui seraient créés. »

Les associations espèrent donc que le gouvernement trouvera rapidement, malgré la conjoncture, quelques dizaines de millions d'euros pour réamorcer le mouvement, et prennent date pour que le retard soit rattrapé dans le budget 2004. Il y a urgence à mettre le service à niveau, insistent-elles, avant que le « papy boom » des plus de 85 ans, issu des lendemains de la Première Guerre mondiale, n'arrive dans les établissements...

M.-J. M.

Notes

(1)  Le mouvement rassemble à la fois les fédérations d'établissements - FEHAP, FHF, Fnacppa, FNMF, Synerpa, Unccas -, des associations de directeurs - Adehpa, Cndehpad, Fnadepa -, des organisations syndicales de cadres -SNCH, Syncass-CFDT et SC-FO -, le Syndicat national de gérontologie clinique et l'Uniopss. Auxquels dix associations de retraités et quatre syndicats médicaux apportent leur soutien.

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