Pour la première fois, cinq directions centrales des ministères de l'Education nationale et des Affaires sociales se sont rapprochées pour dissiper le flou qui entoure la scolarisation des enfants et adolescents handicapés (1). Cette coordination des statistiques - préconisée par le plan Handiscol' - permet d'y voir plus clair, même s'il reste beaucoup de lumière à faire sur le sujet.
Les ordres de grandeur ont été cités récemment par le mi- nistre de l'Education nationale, Luc Ferry (2). 103 100 enfants
handicapés sont considérés comme intégrés à l'Education nationale, 52 100 individuellement, dans des classes ordinaires, et 51 000 collectivement, dans des classes spécialement dédiées. Par ailleurs, 87 400 jeunes sont scolarisés dans des établissements médico-éducatifs et 13 000 élèves sont soignés dans un établissement hospitalier ayant aussi une fonction d'enseignement (dont 6 700 bénéficient d'une scolarisation à l'année).
« L'intégration individuelle recouvre des réalités très diverses, allant d'une scolarisation à temps plein à la présence dans la classe uniquement quelques heures par semaine », reconnaît l'étude. Une partie des enfants concernés poursuivent une scolarité normale, d'autres ont un parcours particulier, par exemple en restant en maternelle longtemps après l'âge. En l'état actuel, les statistiques ne permettent guère d'en savoir davantage sur le sujet ni sur le destin individuel des intéressés ou leur accompagnement. Du moins sait-on que le nombre des enfants « intégrés » a fait un bond de 46 % en dix ans dans le premier degré et de 38 % dans le second degré. Si cela est dû, pour partie, à un meilleur repérage, c'est sans doute aussi le signe d'une amélioration de la situation.
Quelle est la qualité de cette intégration ?Dans le second degré, 58 % des enfants handicapés fréquentent un établissement général ou technologique (contre 67 % pour l'ensemble des élèves) et 25 % une section d'enseignement adapté (SEGPA) ou un établissement régional d'enseignement adapté (EREA) non spécialisés. Par ailleurs, 7 000 jeunes suivent des études supérieures et ce nombre repéré a, lui, doublé entre 1993 et 2000.
Quant aux enfants intégrés collectivement, 96 % le sont dans l'une des 4 714 classes d'intégration scolaire spécialisée (CLIS) du premier degré, dont l'effectif est limité à 12 élèves. Leur nombre a diminué, mais pour des raisons de resserrement du dispositif sur le public concerné. Dans le second degré, 303 unités pédagogiques d'intégration (UPI) accueillent 1 600 jeunes - un nombre qui a été, lui, multiplié par huit en quatre ans. En CLIS comme en UPI, les enfants accusent un fort retard scolaire et l'on compte six garçons pour quatre filles.
2 500 structures médico-sociales offrent une prise en charge globale à vocation thérapeutique, éducative et scolaire. 115 000 enfants y étaient accueillis à la fin 1995 (on appréciera la fraîcheur des données disponibles), dont 60 %avec une scolarisation à plein temps. 17 % étaient intégrés dans un établissement de l'Education nationale, à temps plein ou à temps partiel.
Il reste qu'un enfant en établissement sur quatre n'est pas scolarisé. Et que l'enquête HID (handicap-incapacités- dépendance), menée par l'INSEE, situe entre 5 000 et 14 000 le nombre d'enfants de 6 à 16 ans vivant à domicile sans prise en charge scolaire. Pour certains (retardés profonds ou polyhandicapés), cette non-scolarisation est liée à leur état de santé. Pour d'autres, note l'étude, elle est « plus difficile à expliquer ».
(1) DREES - Etudes et résultats n° 216 - Janvier 2003.
(2) Voir ASH n° 2295 du 24-01-03.