Ce n'est pas la première fois que Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile, dénonce le manque de crédits et le sous-dimensionnement du dispositif d'accueil des demandeurs d'asile (1). Mais cette fois-ci, la coupe est pleine, d'autant que certaines mesures, par leurs effets pervers, ne font qu'aggraver la situation. « Par exemple, avec la réforme de l'aide médicale d'Etat, les praticiens qui reçoivent les étrangers nous les renvoient pour qu'on leur permette d'accéder à la CMU », explique Pierre Henry. « Nous ne pouvons plus continuer à bricoler de la sorte. Nous avons une charte de l'accueil des demandeurs d'asile, nous défendons des valeurs, une déontologie ! », s'insurge celui qui vient de lancer un « appel solennel » aux pouvoirs publics afin d'obtenir des moyens adaptés à l'accueil de cette population. « Depuis de longs mois, chaque jour des centaines de demandeurs d'asile en situation régulière, se rendent à notre siège social [...] pour y retirer une domiciliation préfecture et CMU ou pour demander un hébergement », écrit-il, se plaignant de faire face, seul, à l'urgence sociale, « malgré des demandes réitérées auprès de l'ensemble des institutions en charge de la lutte contre la précarité. »
Avec seulement six salariés et une surface de 150 m2, France terre d'asile doit ainsi recevoir « près de 600 personnes par jour et plus de 60 000 en flux annuel ». D'où « l'indignité » de l'accueil : « heures d'attentes debout, absence de commodités et le plus souvent absence de prise en charge faute de moyens ! »
(1) Voir notamment sa tribune libre, ASH n° 2292 du 3-01-03 - France terre d'asile : 25, rue Ganneron - 75018 Paris - Tél. 01 53 04 39 99.