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« Stages parentaux et AEMO »

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Dans une lettre ouverte adressée aux ASH, Joël Henry, fondateur et président d'honneur du Carrefour national de l'action éducative en milieu ouvert (Cnaemo) et membre d'Education et société (1), s'inquiète, à titre personnel, de la création des stages parentaux au tribunal pour enfants. Ils témoignent, selon lui, d'une « régression vers la surveillance éducative d'avant 1958 ».

« On ne peut que s'étonner du manque de réaction publique et collective émanant des travailleurs sociaux - et plus particulièrement des professionnels de l'AEMO - devant la création récente des “stages parentaux” au tribunal pour enfants... (2).

« Ceux-ci sont, pourtant, une traduction supplémentaire de la montée en puissance actuelle d'une certaine conception régressive, répressive et suspicieuse de l'assistance éducative,  privilégiant une action éducative musclée et obligatoire (“AEMO”) au détriment de l'action éducative en milieu ouvert gracieuse et résolutive voulue par les promoteurs de 1958 aux fins « d'apporter aide et conseil à la famille et de suivre le développement de l'enfant » (code civil, article 375-2).

« Considérés, depuis l'ordonnance du 23 décembre 1958, comme dignes de confiance et capables de trouver ou de recouvrer leur autonomie et leur autorité, dans l'intérêt supérieur des enfants, dès lors qu'ils peuvent bénéficier d'une aide spécialisée afin de surmonter progressivement leurs difficultés conjoncturelles, les parents visés se voient, désormais, réduits en autant de suspects qu'il importe à nouveau de “surveiller et punir”, sauf s'ils font amende honorable et rapide.

« Désarmés et fragilisés par les rudesses de leurs trajectoires de vie et la dureté des conditions sociales, ces parents sont collectivement et publiquement mis en cause dans des audiences prétoriennes rebaptisées “stages parentaux”. Sommés de réformer leur conduite dangereuse, surveillés par certains travailleurs sociaux  (!), ils disposent de deux mois de probation pour ce faire.

« Quelle inacceptable régression vers la “surveillance éducative” d'avant 1958 ,quelle injuste violence institutionnelle et quelle erreur collective ! Mais, plus encore, comment rester coi face à de pareils simulacres, voire y participer ? Quelques scènes présentées par la télévision devraient pourtant suffire à convaincre même les plus naïfs, ceux qui croient encore qu'il suffit péremptoirement d'imposer et d'im- pressionner pour éduquer et aider... là où il s'agit de confiance, de patience, d'écoute, de temps, de respect inconditionnel, au fil de parcours chaotiques accompagnés avec discrétion et compétence afin de susciter des changements volontaires et durables.

« Comment ne pas s'insurger devant pareilles dérives des politiques publiques, dénaturation de la philosophie des lois françaises de protection de la jeunesse re-bottées à l'américaine, mise à mal de l'éthique et de la clinique de l'action éducative en milieu ouvert, “tristes tropiques” dont les stages parentaux sont le dernier acte en date - mais pas le moindre ni l'ultime ?

« Dans ce droit-fil, en effet, l'autorité parentale - structure fondamentale de l'avènement du sujet et condition nécessaire de la socialisation -ne sera- t-elle pas, bientôt, sanctionnée par un trivial permis à points modulé, le cas échéant, par ce type de stages de bonne conduite ? »

Notes

(1)  Joël Henry : « Valmeray »  - 14370 Airan - Tél. 02 31 23 91 95 - E-mail : jhenry@club-internet.fr.

(2)  Voir notre reportage à Colmar : ASH n° 2286 du 22-11-02.

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