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L'affluence de nouveaux publics pousse les Boutiques solidarité à la mutation

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 L'accueil massif d'étrangers dans une grande partie des Boutiques solidarité a très fortement remis en cause leur fonctionnement et les a conduites à de profondes transformations pour s'adapter à ce nouveau public, à la fois proche et très différent du public des sans domicile fixe. » Tel est le principal enseignement d'une étude réalisée en 2002 par le cabinet FORS-Recherche sociale, à la demande d'Emmaüs France et de la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés sur l'accueil des étrangers, demandeurs d'asile ou non, dans leurs différentes structures (1). Ces mutations ont conduit les Boutiques solidarité à développer, à côté de leur fonction traditionnelle d'accueil de jour, « une fonction de “service spécialisé” d'aide aux étrangers qui prend la forme de suivi des dossiers, de conseils juridiques et d'orientation », souligne le rapport.

Une population composée de 50 à 80 % d'étrangers

Quelques chiffres tout d'abord. Les Boutiques, d'une façon générale, accueillent environ 50 %d'étrangers, parfois 80 % dans les grandes agglomérations. « L'ampleur de la fréquentation constatée est non seulement consécutive à l'augmentation du nombre des étrangers nouvellement arrivés en France, mais surtout significative de l'ampleur des difficultés qu'ils rencontrent », pointe le rapport. Les étrangers se retrouvent de plus en plus souvent à la rue, « en errance entre les différents centres d'hébergement susceptibles de les accueillir pour quelques nuits ou quelques semaines ».

L'orientation vers ces accueils de jour semble se produire assez rapidement après l'arrivée en France. Parmi les étrangers accueillis dans les Boutiques, la catégorie la plus représentée est celle des personnes qui attendent un premier rendez-vous à la préfecture. Un très fort pourcentage des étrangers qui les fréquentent sont arrivés en France depuis moins d'un an : généralement, dans les structures, les trois quarts sont dans ce cas, le quart restant étant arrivé dans une période comprise entre un et dix ans. Les personnes résidant en France depuis plus d'une décennie sont l'exception.

L'affluence de ce nouveau public est source de nombreuses difficultés pour les Boutiques solidarité. Problèmes de langue et de communication, évidemment. Disparition, parfois, du public traditionnel des sans domicile fixe. Surtout, on assiste à « un bouleversement de l'équilibre des diverses fonctions qu'elles remplissent ». « Ainsi, la fonction de lieu de convivialité et d'accueil informel a été souvent mise à mal - beaucoup de monde à certaines heures, longue attente pour les services et les rendez-vous, limitation des heures d'ouverture -, tandis que les fonctions d'aide et de suivi [...] ont été largement développées par la force des choses ».

Maintenir la fonction conviviale

Or il apparaît capital que ces structures, tout en s'adaptant aux besoins particuliers d'accompagnement de leur nouveau public - ce qu'elles n'ont pas manqué de faire en instituant ou en renforçant les permanences d'associations spécialisées, de services sociaux, les permanences juridiques, médicales ou psychologiques -, maintiennent leur fonction originelle d'accueil convivial. Celle- ci, insiste l'étude, constitue en effet « un des atouts spécifiques de leur intervention auprès des étrangers »  : « Orientés de service en service, d'association en association pour une prise en charge éclatée de leurs besoins, ces derniers vont apprécier de pouvoir trouver des lieux où l'on puisse, un peu plus qu'ailleurs, s'adresser à eux comme des personnes dans leur globalité. »

La nécessité de cet équilibre semble d'autant moins à perdre de vue que toutes les compétences et toute la technicité que ces structures ont dû développer en matière d'accès aux droits des étrangers n'y changent rien : « Dans le contexte actuel d'une application très restrictive du droit d'asile et de l'accueil des étrangers, les résultats positifs viennent rarement récompenser toutes les énergies dépensées et tous les espoirs investis », assène le rapport.

Notes

(1)  Rendue publique le 25 janvier, lors d'une journée de réflexion sur le droit d'asile organisée par Emmaüs France à Paris, cette étude est disponible sur demande au siège de l'association : 179 bis, quai de Valmy - 75010 Paris - Tél. 01 46 07 51 51.

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