Le projet était dans l'air depuis sep- tembre. C'est chose faite depuis le décret du 24 décembre 2002 qui élargit le Conseil national des missions locales aux représentants des collectivités territoriales (1). La délégation interministérielle à l'insertion professionnelle et sociale des jeunes en difficulté (DIIJ) est supprimée. A « la surprise » du Syndicat national des missions locales et permanences d'accueil, d'information et d'orientation (SN/ML et PAIO) (2) et de l'Association nationale des directeurs de mission locale ou PAIO (ANDML-PAIO) (3) qui ont appris par la presse sa disparition. « Sans aucune concertation avec le réseau, on supprime d'un trait de plume l'outil national de coordination, d'animation, de développement de notre réseau. Un lieu par lequel remontaient les analyses, les propositions et les suggestions des missions locales et d'affichage de l'interministérialité », s'insurge Jean- Marie Terrien, président de l'ANDML-PAIO. « Pourquoi cette précipitation ? », s'interroge, de son côté, Michel Abhervé, président du SN/ML et PAIO. Lequel ne comprend pas que le gouvernement, s'il voulait mettre en place un nouveau mode d'organisation, n'ait pas attendu que les débats engagés dans le cadre de la réforme de la décentralisation soient tranchés.
Jugée « choquante », la méthode adoptée par le ministère des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité ne manque donc pas de susciter de nombreuses interrogations. « Faut-il y voir une volonté de régionaliser complètement le réseau ? », se demande Jean-Marie Terrien. S'il n'est pas opposé à ce que les régions aient une compétence accrue en matière de formation professionnelle, pas question pour lui que l'Etat se désengage de l'insertion sociale et professionnelle des jeunes en difficulté et que soit mis fin au travail inter- ministériel.
« Le problème, c'est le manque de lisibilité de la politique du gouvernement », juge Michel Abhervé qui pointe, lui, les messages contradictoires du ministère. Car si celui-ci voulait régionaliser le réseau des missions locales, pourquoi avoir fait entrer à égalité les représentants des régions, des départements et des communes (trois pour chaque collectivité territoriale) ? Et quid du contrat d'insertion dans la vie sociale (4) dont l'animation devrait être confiée aux missions locales et sur lequel, là encore, leurs responsables estiment ne pas être associés à sa préparation ?
(1) Voir ASH n° 2292 du 3-01-03.
(2) SN/ML et PAIO : 17, cours Blaise-Pascal - 91000 Evry - Tél. 01 60 87 35 20.
(3) ANDML-PAIO : 39, rue Paul-Bert - 44100 Nantes - Tél. 02 51 80 97 90.
(4) Celui-ci devait faire l'objet d'une communication en conseil des ministres le 8 janvier qui a été repoussée à une date non précisée.