Avec enthousiasme. C'est la première fois qu'un ministre nous donne de réelles réponses. Depuis six ans, nous réclamions une annexe spécifique pour les jeunes présentant des troubles de la conduite et du comportement qui sont aujourd'hui traités dans l'annexe XXIV relative aux déficiences intellectuelles, mais nous ne recevions qu'une écoute polie. C'est une grande avancée qui va permettre à cette population d'être réellement reconnue.
Là aussi nous avons été entendus. L'appellation d'institut de rééducation, à connotation coercitive ou orthopédique, devrait disparaître au profit de celle d'institut thérapeutique éducatif et scolaire. Cet intitulé prend bien en compte la nécessité, pour ces enfants qui expriment leur souffrance psychique en posant des actes dérangeants, d'un triptyque éducatif, thérapeutique et scolaire. C'est l'articulation de ces trois dimensions qui fait la spécificité de ces établissements qui apportent une réponse basée sur le soin au-delà du répressif ou de l'éducatif. Cette dénomination devrait les situer sans ambiguïté dans le paysage médico-social.
La ministre a annoncé qu'un groupe de travail allait se mettre en place à la DGAS auquel seraient associés des représentants de l'Education nationale, de la psychiatrie infanto-juvénile, de la justice, de l'aide sociale à l'enfance et des familles. Cette ouverture aux familles est très importante car, peu représentées par les associations d'usagers, elles ont du mal à se faire entendre.
Oui, mais aujourd'hui Marie-Thérèse Boisseau s'est vraiment engagée avec une échéance fixée à la fin de 2003. En 2000, il s'agissait d'un groupe de travail restreint entre l'AIRe et la DGAS, sans engagement ministériel. Il s'est néanmoins réuni régulièrement et il nous a déjà permis de proposer des textes à l'administration. Nous ne partons pas de zéro.
Il va falloir que nous parvenions à une définition de la population des jeunes souffrant de troubles de la conduite et du comportement. Ceux qu'on qualifiait autrefois d'incasables, de caractériels, et qui, de notre point de vue, sont en situation passagère de handicap et relèvent du soin. Nous devrons réfléchir également à améliorer les réponses en redéfinissant notamment les modalités d'intervention des instituts de rééducation. Nous espérons notamment parvenir à revoir les ratios d'encadrement calés aujourd'hui sur ceux des établissements pour déficients intellectuels.
Ce ministère semble vouloir en prendre le pilotage. Mais il est clair pour nous que la reconnaissance des instituts de rééducation doit s'accompagner de moyens leur permettant de fonctionner avec des psychiatres, des psychologues et des instituteurs spécialisés en nombre suffisant... Nous avons bon espoir.
En qualité de nouveau membre du Conseil national consultatif des personnes handicapées, nous allons être associés à ce chantier. Nous voulons que soient reprécisées la composition et les missions de la commission départementale d'éducation spéciale où l'Education nationale est trop souvent prédominante. Est-il normal que celle qui prononce l'exclusion des enfants « dérangeants » de l'école soit aussi celle qui décide de leur orientation dans le secteur médico-social ? Nous aimerions également que soient redéfinies les relations de l'Education nationale avec les instituts de rééducation. Propos recueillis par Isabelle Sarazin
(1) AIRe : 17, rue Mgr-Millaux - BP 40 - 35221 Châteaubourg - Tél. 02 99 00 31 63.