No n au système prostitutionnel, non au projet de loi Sarkozy, oui à un monde sans prostitution. » Plusieurs centaines de personnes (250 selon la police) ont manifesté le 10 décembre, à Paris, sous ce mot d'ordre, à l'appel du Collectif national pour les droits des femmes (1). Elles entendaient, en premier lieu, affirmer que « la prostitution n'est pas un métier [mais] une violence » et s'opposer au commerce du corps humain. « La France a ratifié la convention de 1949 sur “la répression de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui”. Mais elle ne fait rien pour appliquer réellement la politique abolitionniste dont elle se réclame », ont regretté les organisateurs. Divergeant en cela de l'association France-Prostitution, dont une trentaine de représentantes se sont postées sur le parcours de la manifestation pour défendre, elles, leur « métier ».
« Abolitionnistes » et « réglementaristes » se rejoignent pourtant sur la dénonciation du projet de loi sur la sécurité intérieure, auquel ils reprochent de « criminaliser » les prostitués. Le Collectif national pour les droits des femmes demande au contraire « un plan d'urgence pour les personnes voulant se libérer du système prostitutionnel qui leur assure une alternative viable », la mise en place d'un numéro vert, « indépendant de l'Etat », d'aide aux prostitués et leur accès, « sans discrimination », à tous les droits universels.
La « loi Sarkozy » devrait faire l'objet de nouvelles critiques le 15 décembre, lors d'une manifestation nationale organisée à Paris par un « collectif anti- sécuritaire » regroupant notamment le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, Droit au logement, France-Prostitution ou la Coordination nationale des sans-papiers. Selon les organisateurs, qui demandent son retrait, ce texte constitue - après la loi sur la sécurité quotidienne votée en octobre 2001 (2) qui « sous couvert de lutte contre le terrorisme, a ébranlé un certain nombre de droits individuels » - « une brique supplémentaire dans la construction de la nouvelle insécurité sociale, puisqu'elle cible les groupes parmi les plus pauvres et fragiles ».
(1) Qui rassemble depuis 1995 une centaine de groupes féministes, d'organisations de défense des droits de l'Homme, de partis et de syndicats de gauche. Contact : CADAC : 21 ter, rue Voltaire - 75011 Paris - Tél. 01 43 56 36 48.
(2) Voir ASH n° 2236 du 9-11-01.