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La solidarité internationale comme outil d'insertion des jeunes

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Le 4 décembre, une rencontre a réuni des professionnels de la protection judiciaire de la jeunesse et des responsables associatifs autour des actions de solidarité internationale (1). Objectif ? Faire reconnaître ces démarches comme « des actions éducatives à part entière », défend Yves Roux, adjoint au directeur du Centre national de formation et d'études PJJ de Vaucresson (2).
Que mettez-vous sous les termes d'actions de solidarité internationale ?

Ce sont des actions conduites par des équipes de la protection judiciaire de la jeunesse  (PJJ) en partenariat avec des associations humanitaires, des organisations non gouvernementales ou des associations de formation. Elles permettent à des jeunes en difficulté de participer à un projet humanitaire, à travers un séjour de trois semaines en moyenne, à l'étranger. La PJJ mène aujourd'hui plusieurs dizaines d'actions par an avec les pays du Maghreb, mais aussi l'Inde, Cuba, l'Amérique latine, le Kosovo... Elles ont souvent comme finalité la réalisation d'un chantier d'utilité sociale ou l'aménagement d'infrastructures sportives ou éducatives.

Quelle est la différence avec les autres actions éducatives ?

On joue ici sur le caractère attrayant de la mission à l'étranger, la valorisation que peut apporter la participation à une action humanitaire. La réussite d'une telle démarche tient beaucoup au déclic produit par le fait de passer de la situation d'exclu à celle d'acteur et à la renarcissisation qui s'ensuit. C'est la pédagogie du détour : les choses sont abordées sans être présentées comme des outils d'apprentissage. Il y a aussi la rencontre avec les autres et un ailleurs, la confrontation avec des manières différentes de voir et de penser.

Ces démarches font l'objet d'une recherche-action. Avec quel objectif ?

La direction de la PJJ d'Ile-de-France a initié, le 24 juillet, une recherche-action, appuyée par la direction de la PJJ, sur les expériences menées par le centre d'action éducative et d'insertion de Créteil et l'association Sport sans frontières, tous deux engagés dans un partenariat étroit. Cette étude, qui doit s'achever au printemps 2003, doit cerner le bien-fondé des actions de solidarité internationale et repérer leur méthodologie. Nous voudrions aboutir à un référentiel pédagogique, assorti de recommandations.

Quel bilan pouvez-vous déjà dresser ?

On s'aperçoit dès à présent qu'elles constituent un formidable levier dans le parcours d'insertion. Bon nombre d'entre elles ont débouché sur la reprise d'une formation ou la rescolarisation pour des jeunes qui avaient décroché depuis longtemps ou qui avaient un tel manque de confiance en eux que rien ne semblait pouvoir faire redémarrer la machine. Reste qu'on est, bien sûr, dans le champ incertain de l'action éducative...

Quel intérêt pour les équipes éducatives ?

En général, ces actions sont menées par les centres d'insertion ou les centres de jour. Ce sont souvent des projets assez lourds qui demandent de mobiliser toute la chaîne hiérarchique, voire de solliciter le ministère, car il y a d'importants obstacles financiers, administratifs et politiques à lever. Ils obligent également au partenariat avec des associations humanitaires, des entreprises , des collectivités locales... C'est donc une dynamique difficile mais bénéfique pour les travailleurs sociaux et le public, embarqués dans un projet de longue haleine. Aux trois semaines de séjour à l'étranger s'ajoutent l'amont : le montage du projet (six mois) et la préparation pédagogique des jeunes (de trois à six mois)  ; et l'aval : la restitution par les jeunes de leur expérience à travers des expos photo, des réalisations vidéo...

Avez-vous le sentiment que ces actions sont bien reconnues ?

Elles ne sont pas suffisamment reconnues comme des actions éducatives à part entière par les responsables hiérarchiques. « Vous partez en vacances avec les jeunes ? », nous demandent certains. D'où l'intérêt de la recherche-action, d'autant que le contexte sécuritaire actuel ne va guère dans le sens de ce type de démarche. Propos recueillis par Isabelle Sarazin

Notes

(1)  A Paris, à l'initiative du CAEI de Créteil, avec Sports sans frontières et la DRPJJ.

(2)  CNFE-PJJ : 54, rue Garches - 92420 Vaucresson - Tél. 01 47 95 98 98.

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