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Pour une politique globale de lutte contre les addictions

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Un désolant « retour en arrière ». Le nouveau projet de décret sur les centres spécialisés de soins aux toxicomanes suscite la colère des membres de l'Association nationale des intervenants en toxicomanie  (ANIT)   (1). Comme si l'on rejetait tout l'acquis de ces dernières années, explique son président, François Hervé.
Un projet de décret abandonné, un autre lui succède, très différent :pourquoi ?

Nous travaillions effectivement depuis des mois, avec la direction générale de la santé et toutes les parties concernées, sur un projet de décret « fixant les conditions minimales d'organisation et de fonctionnement des centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie ». Avec ses qualités et ses défauts, ce texte avait le mérite de fournir un chapeau commun à tous les acteurs s'occupant de personnes dépendantes d'une consommation de substances psycho-actives. Or, subitement, fin octobre, nous avons appris que le ministre ne voulait pas le signer. Comme nous avons besoin d'un décret pour être intégrés, aux termes de la loi du 2 janvier 2002, dans le champ des établissements médico-sociaux, avec un financement de l'assurance maladie à partir du 1er janvier 2003, un nouveau projet a été bâti dans l'urgence par l'administration. Et il marque une formidable régression.

Parce qu'il ne se réfère qu'aux soins aux toxicomanes ?

Il limite effectivement nos missions à la prise en charge des personnes qui s'adonnent aux stupéfiants et revient à une logique de prise en charge par produit. Ce qui ne correspond pas à la réalité de ce que nous faisons. Nombre de  « clients » associent des consommations de drogues, d'alcool ou de médicaments. Ou bien nous voyons d'anciens toxicomanes qui passent à l'alcool en même temps qu'ils suivent un traitement de substitution... Quelle que soit la substance, licite ou illicite, c'est à des logiques de comportement qu'il faut s'intéresser, comme tous les spécialistes, alcoologues et tabacologues inclus, en conviennent désormais. C'est l'un des grands acquis collectifs de ces dernières années, issus de la recherche comme du terrain. Le texte gomme aussi tout l'aspect prévention. Certes, nous ne prétendons pas la faire seuls, mais elle doit être partie prenante d'une politique d'ensemble. Le décret ne dit pas un mot non plus de la réduction des risques et de ces actions de première ligne menées notamment dans les « boutiques » ou les bus qui proposent des prises en charge « à bas seuil » comme les échanges de seringues. Un autre décret va en traiter, nous dit-on. Mais, là encore, il est important que ces lieux de premier contact soient associés, articulés à des services de soins.

Où en sont vos problèmes de financement ?

Les divers crédits d'Etat gelés à la rentrée ont été débloqués, grâce à notre mobilisation (2) et au relais des médias. Mais reste une situation très diverse selon les régions et les départements avec, le plus souvent, une pénurie chronique et, dans certains cas, une menace d'étranglement. La situation est particulièrement difficile en PACA et en Ile-de-France, où il manque 8,5 % au budget. Au plan national, nos financements n'ont été augmentés que de 1,8 % en trois ans ! La réduction du temps de travail n'a jamais été prise en compte ni certains avenants conventionnels pourtant étendus. Nous redoutons de basculer dans l'assurance maladie à ce même niveau de ressources, très inférieur à notre activité et aux besoins qui croissent et se diversifient.

Pourrez-vous travailler un jour dans un contexte stable ?

Cet épisode atteste de la difficulté persistante à prendre des décisions et à marquer des orientations durables dans ce domaine des consommations addictives. On peut regretter qu'il soit toujours aussi sensible au politique, et soumis aux volte-face et aux pressions des lobbys. Alors que le type de personnes dépendantes à qui nous avons affaire traverse, lui, les époques et les gou-vernements ! Propos recueillis par Marie-Jo Maerel

Notes

(1)  ANIT : 28, chemin des Moulins - 69230 Saint-Genis- Laval - Tél. 04 78 50 78 50.

(2)  Voir ASH n° 2279 du 4-10-02.

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