L'afflux des mineurs isolés dans la capitale continue de susciter l'inquiétude de la municipalité. « A situation humanitaire exceptionnelle, il faut une réaction exceptionnelle », s'est écriée, le 21 novembre, Gisèle Stievenard, adjointe au maire, chargée des affaires sociales et de la solidarité. Entre le 1er jan- vier et la mi-novembre 2002, l'aide sociale à l'enfance parisienne a été sollicitée pour près de 750 de ces jeunes, alors que cela avait été le cas pour environ 200 d'entre eux en 1999 et 520 en 2001. Cette même année, le département de Paris a consacré 8 millions d'euros à leur prise en charge et prévoit de dépasser les 10 millions d'euros en 2002. « Nous ne pourrons pas indéfiniment assumer seuls le poids de ces prises en charge. La mobilisation d'une part importante de nos moyens financiers, mais aussi de nos moyens humains, constitue pour moi une source d'inquiétude pour la poursuite de nos missions traditionnelles », a souligné Gisèle Stievenard. Celle-ci appelle de ses vœux « un plan d'urgence », « une initiative de l'Etat forte, visible, tangible ». Et, une nouvelle fois (1), la réunion d'une table ronde régionale sur le sujet, rassemblant tous les départements d'Ile-de-France, les associations et l'Etat, permettant à chacun de « préciser ses engagements ».
Quoi qu'il en soit, Paris a prévu de renforcer son dispositif d'accueil en augmentant le nombre de places d'urgence pour ce public et en créant par ailleurs une structure spécifique, « un sas permettant de soulager l'aide sociale à l'enfance en accueillant les mineurs pendant une quinzaine de jours » dans la première phase d'évaluation de leur situation. Le projet, devant associer les magistrats et la préfecture de police, est actuellement à l'étude. Cependant, insiste l'adjointe de Bertrand Delanoë, « le problème de fond, c'est la prise en charge dans la durée ».
Quant au dispositif expérimental d'accueil et de prise en charge des mineurs isolés annoncé en septembre par Dominique Versini (2) - « une toute petite pierre », selon Gisèle Stievenard -, il ouvrira début décembre et sera vraiment opérationnel une quinzaine de jours plus tard, a indiqué la secrétaire d'Etat à la lutte contre la précarité et l'exclusion, le 21 novembre, à l'Agence France Presse. Un lieu d'accueil fonctionnant 24 heures sur 24 sera géré par l'association Enfants du monde-Droits de l'Homme. L'association Aux captifs la libération ouvrira avec une amplitude horaire plus grande qu'actuellement son centre Lazare, dans le XVIe arrondissement, dont les animateurs vont à la rencontre des mineurs dans la rue. Enfin, le SAMU social international gérera les équipes mobiles de nuit qui tenteront de convaincre les jeunes de se rendre dans les centres d'accueil.
(1) Voir ASH n° 2276 du 13-09-02.
(2) Voir ASH n° 2275 du 6-09-02.