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« La lutte contre la pauvreté doit s'appuyer sur une opinion éclairée »

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Renouvelé pour trois ans, l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (1) voit arriver à sa présidence, le 14 novembre, Bertrand Fragonard. L'ancien délégué interministériel au RMI, aujourd'hui président de chambre à la Cour des comptes, succède ainsi à Marie-Thérèse Join-Lambert. Rencontre.
Quels sont vos axes de travail ?

Conformément à notre mandat, nous allons essayer d'animer, de faciliter ou de promouvoir des travaux de recherche sur l'exclusion. Nous avons un peu une fonction de chambre d'échos des études réalisées. Nous allons donc poursuivre dans cette voie en explorant des champs, non pas oubliés, mais où la densité des études est peut-être insuffisante, comme le logement ou les mécanismes de prise en charge. Nous aimerions notamment que les travaux soient plus centrés sur ces derniers, leur efficacité, leurs différences suivant les territoires.

Allez-vous faire des propositions dans le cadre du prochain programme de lutte contre les exclusions ?

Nous ne faisons pas de propositions. Celles-ci s'expriment au sein du Conseil national des politiques de lutte contre les exclusions qui va être réinstallé. Il se trouve qu'il y a un lien institutionnel subtil entre les deux : d'une part, le président du conseil pressenti est le sénateur Bernard Seillier, également membre de l'observatoire ; d'autre part,  en tant que président de l'observatoire, je fais partie du conseil. Il y a donc une liaison qu'il faut renforcer. Il est évident qu'en étant au contact des études et des chercheurs, vous avez des idées. Nous essaierons de les transmettre au conseil.

Dominique Versini souhaite structurer « un système d'information commun aux acteurs de l'urgence sociale » en s'appuyant sur vos travaux.

La secrétaire d'Etat à la lutte contre la précarité et l'exclusion cherche à mieux comprendre ce qui se cache derrière ces situations d'urgence (2). Combien de temps durent-elles ? Comment les décrire sur un mode chronologique ? Quels sont les parcours des personnes ? On manque de matériel scientifique sur ces questions. Nous allons essayer de voir comment améliorer les outils de connaissance sur un sujet aussi difficile : la population est mouvante et les gestionnaires ne peuvent pas imposer des systèmes de questionnement sans précaution. Sachant que nous ne partons pas de zéro et que des travaux ont déjà été menés dans ce domaine.

Avez-vous des études importantes en cours ?

Nous sommes mobilisés actuellement sur une étude assez lourde et très importante sur les titulaires de minima sociaux, dans laquelle la DREES est très impliquée. Il s'agit, à partir d'un échantillon interrégimes d'allocataires, de connaître leurs parcours, d'examiner quelles ont été les réussites en matière d'insertion, en particulier sur l'accès à l'emploi. L'enquête a eu lieu et ses résultats devraient être connus courant 2003.

Avez-vous l'intention de mettre l'accent sur le travail social ?

C'est un des problèmes centraux. Nous sommes un pays qui, vraisemblablement, a su mieux développer et mettre en œuvre des prestations légales que se doter d'un outil adéquat d'accompagnement des personnes en difficulté. Et les problèmes des politiques d'insertion renvoient parfois à ces insuffisances. Du moins, c'est mon intuition. Il s'agit de la vérifier ou de l'infirmer.

Ya-t-il une fonction de l'observatoire que vous voudriez renforcer ?

Nos études sont intéressantes pour les décideurs, mais la lutte contre la pauvreté ne peut réussir que si elle s'appuie aussi sur une opinion éclairée. Nous ne faisons pas autre chose que d'essayer de capitaliser des savoirs et de faire pénétrer dans l'opinion des éléments d'analyse. D'où l'importance de la diffusion. Outre le rapport annuel que nous ne publierons pas avant l'automne 2003, nous réfléchissons à un mode de diffusion plus périodique, en fonction des travaux réalisés. Propos recueillis par Isabelle Sarazin

Notes

(1)  Secrétariat général de l'Observatoire : 11, place des Cinq-Martyrs-du-Lycée-Buffon - 75696 Paris cedex 14 - Tél. 01 40 56 88 06.

(2)  Voir ce numéro.

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