Les centres d'aide par le travail (CAT) « concourent au bien-être et à l'épanouissement des personnes accueillies. En tant qu'établissements médico- sociaux, ils ne sauraient être assimilés à l'entreprise » dont « les indicateurs et ratios économiques ne peuvent être utilisés comme base de comparaison ». Telle est du moins l'opinion de la Fédération des établissements hospitaliers et d'assistance privés à but non lucratif (FEHAP) (1), qui tient à son tour à réagir au livre de Pascal Gobry, L'enquête interdite (2), à son « offensive contre le monde associatif » et à sa « présentation partielle et partiale des travailleurs handicapés et des CAT ».
Estimant pour sa part qu'il « n'est pas juste » de « créer des établissements ou autres structures pour suppléer aux carences des politiques publiques » et fière d'être l'une des rares associations à ne gérer aucun équipement, l'Association nationale de défense des malades et handicapés (AMI) (3) trouve, elle, dans ce livre « des éléments qu'elle dénonce depuis de nombreuses années ». Réclamant « un travail en milieu ordinaire chaque fois que possible », elle indique qu'elle prépare, avec ses adhérents qui y sont employés, « un statut de travailleur en CAT ».
Les deux tiers des salariés handicapés le sont dans un emploi ordinaire, rappelle l'Association nationale des directeurs et cadres de CAT (Andicat), qui estime que les centres participent à la reconnaissance d'un droit au travail pour les personnes les plus fragiles et que ce « second marché » leur est indispensable. Cette association, qui se veut « non corporatiste », apporte au débat ses récentes réflexions sur les « bonnes pratiques » en CAT, sur les droits et devoirs qui doivent y être reconnus aux travailleurs et sur les moyens nécessaires pour les exercer (4).
« Venez voir sur place, nous n'avons rien à cacher », répète de son côté aux journalistes l'Union nationale des associations de parents et amis de personnes handicapées mentales (Unapei) (5), douloureusement surprise de l'écho médiatique remporté par un ouvrage plus malveillant qu'informé. Porte-parole de « parents meurtris », son président, Régis Devoldère, estime que les détracteurs des CAT « ont l'air d'ignorer que les personnes accueillies sont, à 96 %, des handicapés mentaux ou psychiques, pour lesquels il est illusoire d'espérer une place durable en entreprise ordinaire. Certes, le système est perfectible, ajoute-t-il. Un groupe de travail a même été créé sur ce thème dans le cadre du Comité d'entente interassociatif, pour préparer la réforme de la loi de 1975. »
Mais l'association et le Syndicat national des associations de parents et amis de personnes handicapées mentales gestionnaires d'établissements et de services spécialisés (Snapei), qui en est proche, répondent point par point aux attaques du livre. Ils réfutent notamment « l'opacité » qui régnerait dans les CAT. « Nous évoluons dans un cadre réglementaire très voisin de celui qui régit les entreprises ordinaires, insiste Philippe Calmette, directeur général du Snapei. Nous avons les mêmes contrôles, doublés par ceux de nos financeurs. Rien de plus transparent que le secteur associatif. »
Il rappelle également l'effort engagé pour mettre au point des référentiels de qualité ou les propositions favorables à l'institution de procédures d'évaluation telles qu'elles ont été inscrites dans la loi de janvier 2002.
(1) FEHAP : 179, rue de Lourmel - 75015 Paris - Tél. 01 53 98 95 00.
(2) Sur cet ouvrage et les premières réactions qu'il a suscitées, voir ASH n° 2285 du 15-11-02.
(3) AMI : 2, rue des Bienvenus - BP 6029 - 69604 Villeurbanne - Tél. 04 78 85 74 26.
(4) « La conduite d'un projet solidaire de qualité en CAT » - Les cahiers d'Andicat n°2-2002 - 1, avenue Marthe - 94500 Champigny-sur-Marne - Tél. 01 45 16 15 15.
(5) Unapei : 15, rue Coysevox - 75876 Paris cedex 18 - Tél. 01 44 85 50 50.