Au moment où l'examen du projet de loi sur la sécurité intérieure commence au Sénat, les 13 organisations professionnelles de la toute nouvelle Conférence permanente des organisations professionnelles du social (CPO) (1) estiment qu'il est incompatible avec leur approche du travail social. « L'accompagnement socio- éducatif des populations les plus précarisées de notre société passe par la prise en considération des conditions d'existence de chaque personne, de son histoire personnelle et de son inscription dans la société. Il ne passe certainement pas par la stigmatisation de tel ou tel comportement symptôme », écrivent-elles, le 13 novembre, dans une lettre ouverte aux sénateurs et députés.
La conférence met donc en garde les pouvoirs publics sur les risques « d'assister à une conflictualisation accrue des rapports sociaux, facteur de violence dans certains quartiers sensibles ; à plus long terme, c'est l'ensemble du dispositif de médiation sociale, d'accompagnement éducatif et d'insertion qui risque d'être décrédibilisé ». Estimant que « le rétablissement de l'Etat gagnerait à s'engager dans d'autres perspectives d'action », elle regrette le manque d'investissements et de moyens dans la prévention des phénomènes d'exclusion et de marginalisation des populations. « Quelle reconnaissance du rôle joué par les instituts de rééducation ?Quelle promotion pour la prévention spécialisée ? Quels moyens pour les collectivités territoriales afin de répondre à leurs missions en matière d'aide sociale et de protection de l'enfance ? Quelle logique de protection sociale notamment pour celles et ceux qui sont les plus faibles et les plus démunis ? »
La conférence est rejointe pas la Coordination Justice-Droits de l'Homme (2) qui « attire l'attention du gouvernement et des parlementaires sur la nécessité d'articuler fortement les politiques de sécurité et les politiques sociales ». Dans un communiqué, le collectif réaffirme notamment que « l'éducatif doit rester prioritaire » et que « la lutte contre l'insécurité doit éviter toute situation de rupture sociale et générationnelle ». « Seule une politique tenant compte de l'ensemble des paramètres sociaux et alliant prévention et sanction, contrôle et accompagnement, contribuera à apporter des réponses aux préoccupations exprimées par les citoyens », ajoute-t-il.
(1) Qui regroupe l'AIRE, l'ANAS, l'APF, l'Association Intermedes, Itinéraires, le Cnaemo, la CFPS, la FNEJE, France ESF, le MNETS, Pratiques sociales - CPO - adresse provisoire : CPO - ANAS - 15, rue de Bruxelles - 75009 Paris - Contact Bernard Cavat - Tél. 02 33 80 65 40 - Voir aussi ASH n° 2281 du 18-10-02.
(2) Qui réunit notamment Citoyens et justice, la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale, la Ligue des droits de Homme, l'Union nationale des associations de sauvegarde de l'enfance, de l'adolescence et des adultes. Contact : LDH - 138, rue Marcadet - 75018 Paris - Tél. 01 56 55 51 00.