En 2001, le Secours catholique (1) a enregistré 671 500 situations de pauvreté - concernant environ 1,6 million de personnes : 860 000 adultes et 740 000 enfants -, un chiffre quasi stable par rapport à l'année précédente (+ 0,3 %). Toutes ces situations n'ont certes pas été étudiées, mais les statistiques de l'association constituent, cette année encore, un bon indicateur de l' « état de la précarité » en France.
Le Secours catholique souligne ainsi l'augmentation de la part des accueillis ayant un emploi, et en particulier de ceux titulaires d'un contrat à durée indéterminée à temps plein (5,3 % en 2001, contre 4,5 % en 1999). Ce qui confirme que « l'emploi ne suffit toujours pas à mettre à l'abri de la pauvreté ».
Par ailleurs, la part des publics occupant un logement stable, comme locataires ou propriétaires, continue lentement mais sûrement de diminuer (79,3 % en 1999, 78, 6 % en 2001). Et au sein de cette catégorie, la proportion de la location dans le parc privé ne cesse de s'amenuiser. Parmi les personnes logées précairement (en hôtel, pension, caravane, squat, en centre d'hébergement, dans la famille...) ou pas du tout, la part de celles vivant dans des abris de fortune ou dans la rue baisse légèrement.
L'association met également en avant les difficultés (anomalies ou délais excessifs de paiement) qui peuvent être rencontrées pour la perception de certaines ressources. 17,5 % des accueillis (contre 14,6 % en 2000) y seraient confrontés, principalement en matière de revenu minimum d'insertion, d'allocations de logement et d'allocations chômage. C'est pour ces dernières que « la dégradation est la plus perceptible ». En revanche, la durée d'attente des allocations familiales et des prestations logement semble se réduire. Une bonne nouvelle puisque 42 % des personnes reçues par le Secours catholique vivent uniquement des transferts sociaux. 11 % sont sans ressources, et 10 % perçoivent exclusivement des revenus issus du travail (salaire, allocations chômage, retraites, indemnités de la sécurité sociale...).
Les impayés continuent de plomber le quotidien des publics : ils existent dans 70 % des situations. Les dettes de loyer sont les plus fréquentes (39,2 %), suivies de celles d'électricité et de gaz (32,6 %), puis d'eau (15,3 %). La part des crédits à la consommation continue quant à elle d'augmenter (14,4 %, contre 13,6 % en 2000). De même que le montant moyen d'impayé : 1 530 € en 2000, 1 659 en 2001.
L' « évolution majeure » de 2001 réside cependant dans l'augmentation de la part des étrangers parmi les accueillis : 19 % en 1999, 20 % en 2000 mais 24 % en 2001. Une tendance évidemment liée à l'afflux des demandeurs d'asile. D'ailleurs, parmi les étrangers extra-communautaires, les situations en attente de statut sont en très forte augmentation : 30 % en 1999, 39 % en 2000, 48 % en 2001. Plus des trois quarts des demandeurs d'asile n'ont aucune ressource et 80 % survivent dans des logements précaires (5 % à l'hôtel, 36 % chez des proches, 28 % en centre d'hébergement ou d'urgence et 10 % en squat ou à la rue).
Rien d'étonnant à ce que l'ensemble de ces constats ait conduit le Secours catholique à cosigner, avec Emmaüs France, Médecins du monde, ATD quart monde, la fédération de l'Entraide protestante, l'Armée du salut et Droit au logement (2), l'amendement présenté le 4 novembre par l'abbé Pierre contre le projet de loi Sarkozy, et particulièrement les dispositions pénalisant les occupations de terrains vagues et la mendicité. Ce texte, stipulant que « nul ne peut être poursuivi pour avoir mendié, cherché un abri dans un logement ou un terrain non occupé, s'il ne lui a été proposé un moyen digne de subsistance ou de logement », précise aussi que « la responsabilité de l'Etat et des collectivités territoriales peut être engagée pour non-assistance à personne en situation d'exclusion ou à toute personne dont la détresse financière est exploitée ». Cette rédaction vise à l'évidence les collectivités locales qui ne respectent pas leurs obligations relatives à l'accueil des gens du voyage ou sont peu enclines à construire des logements sociaux.
Les groupes socialistes au Sénat et à l'Assemblée ont annoncé le 5 novembre qu'ils allaient reprendre à leur compte, lors du débat sur le projet de loi relatif à la sécurité intérieure (3), une partie de cet amendement, mais pas les dispositions engageant la responsabilité de l'Etat.
C.G.
(1) Secours catholique : 106, rue du Bac - 75007 Paris - Tél. 01 45 49 73 00.
(2) Contact : Emmaüs France - 179 bis, quai de Valmy - 75010 Paris - Tél. 01 46 07 51 51.
(3) Sur lequel le gouvernement a demandé l'urgence, le 6 novembre.