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Une parole collective pour le travail social

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Le 11 octobre est née la « Conférence permanente des organisations représentatives des acteurs professionnels du social » afin de permettre une expression plus « musclée » des intervenants dans le débat public. Elle revendique déjà un droit de « réserve professionnelle ».

Bernard Cavat, animateur de la conférence pour un an et vice-président d'Education et société, y croit (1). Si toutes les initiatives pour construire une représentation cohérente du travail social ont avorté par le passé, cette fois-ci la mayonnaise devrait prendre. « Ce n'est pas rien que 13 organisations professionnelles adhèrent en un seul jour sur des textes assez engagés ! », se réjouit-il. De fait, le 11 octobre, les treize (2) ont réussi à dépasser leur pré-carré pour se constituer en « Conférence permanente des organisations représentatives des acteurs professionnels du social »   (3) afin de «  créer les conditions d'une expression collective plus “musclée” dans le débat public ». Ce qui suppose, d'abord, de s'entendre sur des propositions critiques et argumentées et, ensuite, de réussir à les faire valoir auprès des médias et des décideurs politiques.

Pour porter cette parole collective, les organisations se réfèrent à « la responsabilité démocratique » des acteurs. Dans leur manifeste, elles défendent une conception citoyenne du travail social, fondée sur les droits de l'Homme, qui implique des droits et devoirs vis-à-vis de l'usager et de la société : affirmation du rôle des professionnels dans l'élaboration et la mise en œuvre des politiques sociales, refus d'une prétendue « neutralité technique de l'acte professionnel », refus de la stigmatisation des populations et de l'imputation de leurs problèmes aux comportements catégoriels et communautaires, reconnaissance du droit à l'initiative de l'usager et du territoire comme « une des scènes incontournables de ré-appropriation des enjeux politiques du travail social ».

Restait à dépasser la seule pétition de principes pour rendre le collectif opérationnel. L'exécutif est confié à une « délégation permanente collégiale », qui se réunit tous les deux mois. Chaque organisation y mandate, pour deux ans, deux représentants investis du pouvoir de décider et de prendre des positions publiques.

Comme si elle voulait donner un premier gage de sa réactivité, la conférence a, dès le soir du 11 octobre, publié un communiqué où elle exprime son désaccord avec les orientations du ministère de l'Intérieur. Outre une mise en alerte des pouvoirs publics  « sur les risques réels de détérioration du lien social consécutifs à la politique sécuritaire menée actuellement », son message s'adresse aux travailleurs sociaux. Elle les invite «  à la vigilance citoyenne » face au projet de loi sur la sécurité intérieure qui se traduit par « une forme de criminalisation de la pauvreté et une stigmatisation de certaines populations, incompatibles avec une approche éthique et déontologique du travail social ».

Elle va même plus loin. Elle revendique carrément « un droit de “réserve professionnelle” pouvant aller jusqu'à la désobéissance civile vis-à-vis de toute légalisation du fichage et constitution de listes de personnes en fonction de leur seule appartenance à telle ou telle catégorie sociale ». Bernard Cavat n'exclut pas que l'introduction, ici dans un cas précis, de ce nouveau concept - le pendant du devoir de réserve - puisse permettre un débat plus large. « Voir dans quels cas, par exem- ple, il pourrait s'appliquer aux consignes de l'employeur. » Enfin, la conférence demande aux professionnels d'échanger localement afin d'exercer leur devoir d'alerte de l'opinion lorsqu'ils sont témoins de pratiques discriminatoires.

Le communiqué a été envoyé à Nicolas Sarkozy. Par ailleurs, les organisations sont décidées à interpeller les parlementaires et à s'organiser pour faire entendre la voix du travail social dans le débat public. Une voix complémentaire à la démarche d'états généraux de Jacques Ladsous (4), tient à préciser Bernard Cavat qui souhaite leur articulation. Encore faudra-t-il que les deux initiatives, qui profitent d'un climat politique particulièrement crispé, parviennent à faire taire les vieux démons de la division du social sur la durée...

Isabelle Sarazin

Notes

(1)  Interviewé sur le site www.ash.tm.fr.

(2)  AIRE, ANAS, APF, Intermèdes, Itinéraires, Cnaemo, CFPS, Education et société, France ESF, MNETS, Pratiques sociales, Témoins et solidaires, Fédération nationale EJE.

(3)  Adresse provisoire - ANAS : 15, rue de Bruxelles - 75009 Paris - Contact téléphonique : B. Cavat - Tél. 02 33 80 65 40.

(4)  Voir ASH n° 2279 du 4-10-02.

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