Des états généraux pour « refonder l'action sociale »

Travailleurs sociaux, directeurs, chercheurs, bénévoles... Ils étaient une vingtaine à s'être réunis le 26 septembre au Centre d'études, de documentation, d'information et d'action sociales (Cedias) à Paris. Mobilisés à la suite de l'appel lancé le 25 août par Jacques Ladsous, invitant à organiser des états généraux du travail social afin de « libérer la parole des professionnels  » et de transformer la plainte individuelle en parole collective et constructive. « Nous sommes nombreux à intervenir sur le plan social. Nous sommes sans doute assez nombreux à nous interroger sur le devenir de nos actions. Nous ne sommes que quelques-uns à oser formuler nos réflexions à haute voix, à les écrire, à en faire part à d'autres », affirmait le vice-président sortant du Conseil supérieur du travail social dans sa lettre. Le ras-le-bol est profond et ne date pas du changement de gouvernement. Nul doute néanmoins, comme l'explique Jacques Ladsous sur le site des ASH   (1), que le contexte actuel (rapport du Medef, menaces budgétaires) favorise la mobilisation : « A tous les échelons, il y a une réelle prise de conscience ».

Comment se passeront ces états généraux ? Concrètement, les participants à la réunion sont convenus de dresser un inventaire du travail social en s'interrogeant sur le « séisme » provoqué par la décentralisation, la place de l'usager «  souvent en difficulté et parfois malmené », l'instrumentalisation des associations au service de l'Etat, la relation d'aide... Un groupe d'analyse d'une dizaine de personnes est chargé de collecter et d'étudier les documents et écrits de professionnels afin de faire remonter la parole du terrain. Un appel est d'ailleurs lancé en leur direction, toutes les formes d'expression (collective, individuelle, anonyme...) étant les bienvenues (2). « Car il ne s'agit pas de s'approprier le débat », se défend avec fermeté Jacques Ladsous, expliquant que ces états généraux mobilisent les personnes à titre individuel et hors de toute institution ou association. «  Aucune refondation de l'action sociale n'est possible si elle part seulement d'en haut, du pouvoir, de l'organisation. »

Inventaire et propositions pour l'action devraient être présentés en 2004, au cours de deux journées dont la date reste à déterminer. D'ores et déjà, il est prévu de rédiger une charte de référence des valeurs du travail social. Une prochaine réunion est programmée en décembre pour créer un groupe de pilotage. Le mouvement est en marche...