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Rentrée morose pour l'Uniopss et la FNARS face aux risques d'insécurité sociale

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Attention à ce que « les choix politiques n'induisent pas l'insécurité des populations », met en garde l'Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux  (Uniopss)   (1). « Halte à l'insécurité... sociale ! », renchérit la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS)   (2). A un jour d'intervalle, et à la veille de la présentation du projet de loi de finances, le 25 septembre (3), les deux fédérations ont tenu leur conférence de presse de rentrée. Dans une ambiance morose, refroidie encore par les annonces de réduction budgétaire, elles ont fait état du même sentiment d'abandon progressif des publics en grande fragilité, du manque de reconnaissance et des graves incertitudes sur l'avenir du secteur associatif.

Dessiner un nouveau projet pour la jeunesse

Le 23 septembre, Hubert Allier, directeur général de l'Uniopss, a exprimé ses craintes sur les conséquences au plan social des choix politiques et financiers du gouvernement. Des choix qui, plus orientés sur la sécurité des personnes, risquent, selon lui, de stigmatiser encore certaines populations : prostitués, toxicomanes, gens du voyage... Sans compter les jeunes vis-à-vis desquels « les solutions se dessinent à la hâte du côté de l'ordre public, de la répression, de l'enfermement et de la stigmatisation des familles ». Les causes sont-elles bien comprises ?, s'interroge l'Uniopss, invitant à « réfléchir à la responsabilité partagée de l'ensemble des adultes : parents, professionnels, habitants d'un quartier... ». L'organisation, qui appelle à un « débat serein et responsable sur cette question », annonce qu'elle présentera une plate- forme de propositions « pour un nouveau projet politique pour l'enfance et la jeunesse » au premier semestre 2003.

Hubert Allier s'est dit également vigilant sur les orientations gouvernementales qui visent à solvabiliser les individus, à travers notamment la création d'une allocation de libre choix versée pour la petite enfance. « Nous n'y sommes pas opposés, mais il faut aussi soutenir l'offre collective de services. » Et en ce sens, l'accroissement du plafond de la réduction d'impôts pour les emplois familiaux ne va guère dans le sens d'une plus grande justice sociale, estime le directeur général. Avenir incertain de l'aide à domicile, désengagement de l'Etat dans la prise en charge des contrats emploi-solidarité et des contrats emploi consolidé, remise en cause des emplois-jeunes qui ont permis pourtant la création d'activités nouvelles... Autant de mesures qui, précise l'Uniopss, « percutent » les projets et pratiques des associations alors qu'elles vont devoir se mobiliser sur la loi rénovant l'action sociale et médico-sociale, dont les décrets d'application sont toujours en préparation.

« Les choix du gouvernement nous interrogent », résume Hubert Allier, évoquant la faiblesse des marges économiques des associations, confrontées en outre aux difficultés de la mise en place des 35 heures. Et « l'assouplissement de la loi sur la réduction du temps de travail ne résoudra rien »   (4), affirme-t-il- à moins que le gouvernement n'augmente ses financements pour permettre l'augmentation du contingent d'heures supplé- mentaires.

Enfin, décidée à remettre la lutte contre l'exclusion au cœur des politiques sociales, l'Uniopss, par le biais du collectif Alerte, organise, le 15 novembre, en partenariat avec l'Union nationale des centres communaux d'action sociale (Unccas), une journée d'étude à l'Assem- blée nationale pour dresser le bilan de la mise en œuvre de la loi. Et faire des propositions pour le programme d'action contre la grande pauvreté, annoncé par Dominique Versini.

Journée de mobilisation le 11 octobre

En accord avec l'Uniopss sur bon nombre de points, la FNARS a décidé quant à elle de passer à l'action. Le 24 septembre, elle a annoncé une grande journée de mobilisation, le 11 octobre, à Paris. Sachant que, selon elle, une initiative de cette ampleur n'a pas été menée depuis huit ans. « Nous ne supportons plus que nos structures, qui assument par délégation une mission d'Etat, soient de moins en moins reconnues et ne disposent plus des moyens nécessaires pour mener à bien ces missions », estiment ses responsables. Qui ont ressorti la lettre envoyée le 30 avril au président de la FNARS dans laquelle Jacques Chirac, alors candidat à la présidentielle, promettait de  « consolider les moyens des CHRS ».

Réunion à la Mutualité, rassemblement au Champ de Mars, délégations reçues aux ministères et au Parlement sont prévues le 11 octobre. Cette journée devrait traduire le profond malaise des adhérents qui, depuis fin 2001, ont multiplié, dans de nombreuses villes et régions, les cris d'alarme, manifestations et démarches. Ils vivent « un abandon en pente douce des pouvoirs publics », expli- que Andrée Delon, vice-présidente. « Les moyens continuent de baisser et les associations se sentent étouffées face aux interpellations des publics en difficulté et pour lesquels les dossiers à monter sont de plus en plus complexes. » « On continue à créer 500 places par an pour les CHRS alors qu'il en faudrait entre 5 000 et 15 000 », s'irrite Jean-Paul Péneau, directeur général. Faisant état localement de nombreux budgets en baisse qui se traduisent par la régression, voire l'arrêt d'activités ou le dépôt de bilan.

Si l'exclusion a reculé pour certains publics, reconnaît la FNARS, elle s'aggrave pour d'autres :jeunes en difficulté, réfugiés, familles, sans domicile fixe... Parmi les nombreux sujets d'inquiétudes, elle relève le « déficit de résultats » sur la question du logement des plus démunis. Elle déplore en particulier le retard pris dans l'actualisation des aides personnelles au logement et la non-prise en compte des propositions des associations et du Conseil social HLM sur leur revalorisation, notamment leur versement dès le premier mois de location. Enfin, la FNARS compte bien participer aux assises régionales des libertés locales mises en place dans le cadre de laréforme de la décentralisation. Attentive notamment à ce que soit garantie « l'égalité des chances » entre territoires, elle devrait rendre publiques en décembre ses propositions.

I. S.

Notes

(1)  Uniopss : 133, rue Saint-Maur - 75541 Paris cedex 11 - Tél. 01 53 36 35 00.

(2)  FNARS : 76, rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris - Tél. 01 48 01 82 00.

(3)  Voir ce numéro.

(4)  Voir ASH n° 2277 du 20-09-02.

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