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Les CLIC cherchent leurs marques

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L'évaluation de cinq centres locaux d'information et de coordination (CLIC), confiée au début de l'année par la direction générale de l'action sociale à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), est achevée (1). Portant sur les centres de Marseille, de la Creuse Est, de l'arrondissement de Lunéville, de Lorient et des Portes de l'Essonne, tous issus de la première vague de labellisation en 2000 (2), elle fait apparaître certaines faiblesses - malgré des acteurs de terrain « très motivés »  - de ces structures censées favoriser la coordination des aides autour de la personne âgée.

Les médecins peu présents

Premier risque recensé par les chercheurs, celui de « renoncer de fait à la composante sanitaire de la coordination » face aux difficultés àmobiliser les acteurs médicaux, « en particulier libéraux ». Cette tendance à laisser la coordination se faire avec les seuls acteurs du secteur social està relier avec la prédominance des qualifications du secteur du travail social parmi les personnels des CLIC : ceuxétudiés emploient tous ensemble huit assistantes sociales et conseillères en économie sociale et familiale, trois psychologues, deux ergothérapeutes, une ergonome et un seul infirmier. Prédominance qui déteint sur les méthodes de travail : « les CLIC sont plus dans une culture de l'implicite et du relationnel que dans une culture du protocole et de l'objectivation ».

Le rapport pointe aussi le manque de moyens des centres, notamment en personnel, plusieurs fois constaté. Il « bloque le développement de la coordination, installe les professionnels dans une impuissance évidenteà progresser et met l'initiative en danger d'étouffement par épuisement et découragement », par exemple à Marseille et en Creuse. Pour les auteurs, leséquipes doivent comprendre au minimum trois professionnels : un secrétaire- animateur, un assistant de service social et un infirmier. D'une façon générale, les responsables de ces structures se sentent isolés et sont demandeurs d'échanges, d'informations, de rencontres. Ce qui conduit les chercheurs àproposer, parmi les moyens communs mutualisés attendus par les CLIC, la création d'un site Internet spécifique pouvant servir de base à ces échanges entre professionnels.

Autre besoin exprimé par les équipes, celui d'une formation. « La formation gérontologique, pour des professionnels venant d'horizons différents [...], est indispensable pour les préparer à travailler en lien les uns avec les autres », estiment les auteurs.

Ces derniers insistent également sur la nécessitépour ces structures de rendre un service aux « personnes qui ont le plus de besoins ». A défaut, « il y a un risque que le travail du CLIC s'arrête à l'information. A terme, cela mettra en danger [son] existence même [...]car son action ne sera comprise ni par les usagers, ni par les professionnels du terrain ».

Une place non« stabilisée » dans les services aux personnes âgées

L'évaluation de l'Inserm met aussi en avant l'effort que doivent encore accomplir les partenaires institutionnels pour se construire une culture. « Des conceptions telles que“planification par objectifs”, “projets àresponsabilité inter-institutionnelle”, “contrôle”, “évaluation a priori”ou “évaluation a posteriori”, doivent être partagées par l'ensemble des acteurs des différents niveaux de décision », ce qui ne semble pasêtre actuellement le cas. N'est pas non plus encore bien « stabilisée » la place des centres dans les dispositifs généraux de services aux personnesâgées. « L'appropriation de la fonction CLIC par l'ensemble des institutions n'est pas encore acquise », soulignent les chercheurs, pour qui le centre « ne peut être ni l'instrument spécifique d'une institution ou d'une prestation, ni le bureau d'information sur l'action des différentes institutions, ni totalement autonome de tous ».

Deux points cruciaux doivent en particulier être tranchés : la définition des territoires d'intervention en gérontologie et l'articulation des CLIC avec l'allocation personnalisée d'autonomie (APA). Se pose la question de la coordination entre l'activité d'évaluation de l'équipe médico-sociale de l'APA et celle du CLIC, puis de la mise en place du plan d'aide avec son suivi. Les conseils généraux de l'échantillon ont des approches différentes : trois ne souhaitent pas déléguer les évaluations de la dépendance dans le cadre de l'APA mais acceptent parfois le principe d'une évaluation commune avec les équipes du CLIC, un autre envisage d'en confier certaines au CLIC et le dernier n'a pas pris de décision.

« On rencontre des directions départementales des affaires sanitaires et sociales qui sont inquiètes du risque que les CLIC soient instrumentalisés par les services du conseil général pour la mise en place des plans d'aide », relèvent également les auteurs. Lesquels estiment en tout cas qu'une structure de coordination comme le CLIC a un rôle à jouer pouréviter que les personnes âgées subissent successivement plusieurs évaluations par différenteséquipes, comme cela peut parfois se produire actuellement. « Il n'est pas rare qu'une personne sollicitant le service social de la caisse régionale d'assurance maladie soit l'objet d'une première évaluation sur la base de laquelle l'assistante sociale peut lui conseiller de faire une demande d'allocation personnalisée d'autonomie qui déclenchera une seconde évaluation réalisée par l'équipe médico-sociale du conseil général », déplorent-ils.

Quant à l'Etat, son rôle apparaît important « dans la régulation d'un tel processus d'évidence novateur ». Certes, « il n'est pas celui qui va piloter directement et seul un processus comme la coordination gérontologique [...]. Mais il lui incombe de rester le garant de l'essentiel :l'équité de la distribution des prestations et des services à l'ensemble de la population. »

C.G.

Notes

(1)  Evaluation de cinq centres locaux d'information et de coordination (CLIC) - Alain Colvez, Nathalie Blanchard, Marie Gay, Dominique Villebrun - Inserm Unité 500 « Epidémiologie des maladies chroniques et du vieillissement » - Montpellier - Juillet 2002. Ce rapport devrait être prochainement disponible sur le site www.social.gouv.fr.

(2)  Sur le dernier bilan quantitatif des CLIC, voir ASH n° 2251 du 22-02-02.

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