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Lever le voile sur les maltraitances à l'égard des personnes handicapées

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Après avoir créé le réseau Alma d'écoute et de prévention de la maltraitance des personnes âgées (1), Robert Hugonot, son fondateur et président, lance, le 19 septembre, Alma-H, allô maltraitance des personnes handicapées. Pour faire sortir de l'ombre ces détresses trop souvent tues.
Pourquoi un réseau téléphonique consacré aux maltraitances des personnes handicapées ?

Depuis 1995, nous avons monté un réseau d'écoute des maltraitances pour personnes âgées. Avec seulement 33 antennes, nous avons déjà constitué 13 000 dossiers complets pour un nombre d'appels deux fois supérieur. C'est un phénomène qui explose et notre réseau va s'étendre progressivement à tous les départements. Maintenant, il faut élargir l'expérience aux personnes handicapées. Car, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire en 1987, lors d'un colloque à Strasbourg, si les enfants, les femmes et les personnes âgées sont maltraités dans le milieu clos du domicile, il n'y a pas de raison, les causes étant les mêmes, que les handicapés vivant en famille ne le soient pas aussi. Il y a là un phénomène tabou, des détresses cachées, où les victimes souffrent sans rien dire. Et nous sommes, dans une certaine mesure, complices de cette absence de réaction.

Comment allez-vous procéder ?

Nous démarrons à titre expérimental, grâce à l'aide de la Fondation de France et de l'Association générale de retraite par répartition  (AGRR), en ouvrant deux antennes d'écoute et de prévention dans deux départements où il y a déjà une coordination des associations de handicapés : dans l'Isère et en Meurthe-et-Moselle, plus une troisième à Bruxelles. La permanence Alma-H 54 de Lorraine (2) fonctionne déjà à Nancy depuis le 23 mai. Et alors que le numéro n'a pas fait l'objet d'une large diffusion, 14 dossiers ont été ouverts, dont sept peuvent être considérés comme « lourds ». Dans quatre cas sur cinq, ils concernent des violences en famille et dans un cas des violences en institution. Les appels proviennent des personnes handicapées elles-mêmes qui demandent des conseils ou, parfois, d'un tiers. Il peut s'agir des violences physiques d'un père qui ne supporte plus le comportement de son fils handicapé. L'un des problèmes délicats que nous rencontrons réside dans les maltraitances touchant des personnes handicapées mentales. Il nous est alors très difficile de mener l'enquête : comment apporter la preuve de ce qui nous est dit alors que les victimes ne peuvent pas répondre ?

Comment ces antennes vont-elles fonctionner ?

Nous allons copier ce qui se fait pour Alma personnes âgées avec un système à trois étages. Au premier étage, des écoutants bénévoles, qui peuvent être des personnes handicapées, prennent les renseignements par téléphone. Au deuxième, une équipe d'encadrants référents, composée de professionnels de l'action sociale, de soignants, de psychologues, étudient les dossiers et les complètent s'il le faut en s'appuyant sur des consultants. Au troisième niveau, on trouve un panel de consultants : des représentants des autorités de tutelle, des associations de handicapés, des avocats, des notaires, des pédiatres, des psychologues...

Aterme, quel est votre objectif ?

Apporter un soutien aux personnes handicapées maltraitées qui souffrent en silence et chez qui la dépression, le mal-être et la peur de vivre peuvent s'installer. Il s'agit d'informer les familles qui maltraitent parfois sans le savoir, mais aussi de mieux former les intervenants médicaux et sociaux afin de prévenir les comportements violents.

Quel écho rencontre votre projet auprès des associations de handicapés et du gouvernement ?

L'Unapei et l'APF nous soutiennent moralement tout en attendant de voir ce que donnera l'expérimentation. De même, la direction générale de l'action sociale a une attitude d'observation. Mais dans un an, nous pourrons fournir des éléments chiffrés et des évaluations aux autorités de tutelle sur un phénomène encore très mal connu. Propos recueillis par Isabelle Sarazin

Notes

(1)  Alma France : BP 1526 - 38025 Grenoble cedex - Tél. 04 76 84 20 40.

(2)  Tél. 03 83 36 20 00.

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