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La prévention du suicide dans les prisons

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Se fondant sur des données chiffrées - entre 1980 et 2001, le taux de suicide est passé de 10 pour 10 000 détenus à 21,6 pour 10 000 - une circulaire du ministère de la Justice, signée par l'ancien gouvernement et qui doit prochainement être publiée au Bulletin officiel, met l'accent sur la politique de prévention du suicide dans les établissements pénitentiaires. Elle s'inscrit ainsi dans la lignée de la stratégie nationale d'actions face au suicide pour 2000-2005 (1) et de la précédente circulaire en la matière du 29 mai 1998 (2).

Au préalable, un profil des suicidants en prison est dressé. Ainsi, le risque de suicide est plus élevé à certaines périodes (en été, au mois de janvier et, en semaine, le lundi et le samedi) et à certaines phases de la détention : l'arrivée en détention, la survenance de la condamnation et, dans une moindre mesure, l'approche de la libération. Il est également plus important chez ceux qui ont une famille, un conjoint ou des enfants. En outre, le risque de suicide s'avère plus élevé parmi les prévenus. Enfin, la variable la plus discriminante est l'infraction : plus des deux tiers des personnes détenues qui se sont suicidées étaient écrouées pour atteinte volontaire contre les personnes ou pour crime ou délit à caractère sexuel alors que ces catégories représentent en tout 39 % de la population détenue.

Pour lutter contre ce phénomène, la circulaire, outre le développement d'actions de formation ciblées, entend favoriser un meilleur repérage du risque suicidaire en détention. A cet effet, elle préconise en particulier l'aménagement de quartiers arrivants aptes à accueillir durant une période optimale les entrants.

Au-delà, pour rationaliser le dispositif existant, « il est utile d'organiser dans les plus brefs délais après l'écrou, un signalement systématique des personnes détenues à risque suicidaire  ». Pour ce faire, une grille d'analyse, en cours d'expérimentation a été élaborée. Son exploitation doit « nécessairement » faire l'objet d'échanges entre les différents services (unité de consultations et de soins ambulatoires, équipe de soins psychiatriques, service pénitentiaire d'insertion et de probation), souligne l'administration. Laquelle insiste également sur la nécessité de poursuivre l'observation tout au long de la détention, notamment à certains moments particuliers : jugement, placement en quartier disciplinaire, période postérieure à une tentative de suicide ou à une automutilation. Un indicateur agrégeant tous les actes impliquant une mise en danger des personnes détenues (auto-mutilations, grèves de la faim, incendies volontaires...) devrait être prochainement mis en place.

Autre axe d'intervention : apporter un plus grand soutien aux personnes détenues présentant un risque suicidaire. A cette fin, la circulaire propose de faire appel à des co-détenus. Autre voie : susciter les contacts avec l'extérieur et notamment assurer le maintien des liens familiaux et/ou amicaux au profit des personnes présentant un risque suicidaire. Dans le même esprit, l'administration souhaite accentuer l'intervention des associations reconnues d'écoute et d'accueil des personnes en détresse. Et fait également allusion au service d'écoute sociale confidentiel et anonyme, mis en place à titre expérimental dans huit établissements pénitentiaires, dans le cadre d'une charte entre le ministère de la Justice et la Croix-Rouge française (3), et qui devrait être étendu à d'autres établissements. Dernier outil proposé : proposer un choix d'activités.

Le ministère s'attarde, par ailleurs, sur les conséquences du passage à l'acte et porte son intention sur l'information « au plus tôt » des proches. Elle insiste sur la nécessité de recueillir tous les renseignements utiles de façon à pouvoir leur relater les circonstances du décès. Et évoque la possibilité pour quelques proches de visiter la cellule.

Enfin, pour améliorer le suivi des actes suicidaires et l'application du dispositif de prévention des suicides, il est rappelé qu'une commission centrale de suivi des actes suicidaires en milieu carcéral a été installée, en 2001, auprès de la direction de l'administration pénitentiaire du ministère de la Justice. Elle veille à ce que tous les décès par suicide soient recensés, à contrôler la bonne application des dispositifs en matière de prévention et à rechercher de nouveaux axes d'amélioration.

(Circulaire NOR JUSE 02 400 75 C/ Santé DGS 2002/258 du 26 avril 2002, à paraître au B.O.M.J.)
Notes

(1)  Voir ASH n° 2191 du 22-09-00.

(2)  Voir ASH n° 2082 du 28-08-98.

(3)  Voir ASH n° 2159 du 24-03-00.

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