Le problème de l'errance des jeunes et l'arrivée de nombreux mineurs étrangers isolés en France suscitent, depuis quelques années, des réflexions et initiatives locales. Dominique Versini, secrétaire d'Etat à la lutte contre la précarité et l'exclusion, en a fait un de ses chantiers prioritaires. C'est dans ce contexte qu'elle a annoncé, le 4 septembre, dans une communication en conseil des ministres, la mise en place, dans les prochaines semaines à Paris, d'un dispositif expérimental d'accueil et de prise en charge des enfants des rues, animé par cinq associations - Aux captifs, la libération, Enfants du monde-Droits de l'Homme, La Voix de l'enfant, Parada et le SAMU social international. Il pourrait être par la suite étendu à d'autres villes et fera l'objet d'une évaluation globale avant le 30 juin prochain.
Ce dispositif, doté d'un budget annuel de 2 millions d'euros, vise à accompagner ces enfants -majoritairement d'origine étrangère, qui « vivent en rupture de tout lien familial [...], condamnés à l'errance, contraints de se prostituer ou de commettre de petits délits » -, de la rue vers l'insertion, « en privilégiant le retour, dans de bonnes conditions, vers leur pays d'origine ». Concrètement, deux équipes mobiles, une de jour, composée de travailleurs sociaux, et une de nuit, comprenant un chauffeur, une infirmière et un travailleur social, iront à la rencontre des mineurs, pour « créer des liens et établir un climat de confiance afin de les orienter, sur la base du volontariat, vers un lieu d'accueil », non encore trouvé .Celui-ci, « structure ouverte, sans aucun préalable pour y accéder », où seront présents notamment des éducateurs et des animateurs bilingues, est conçu comme un « lieu de ressourcement ». Dans l'esprit des « espaces solidarité insertion » déjà en place dans la capitale, les mineurs - une vingtaine pourront y être accueillis à la fois - y trouveront une salle de repos, un espace hygiène, une consultation médicale, une salle de restauration, et des possibilités d'écoute et de dialogue.
Le projet prévoit aussi l'existence d'une plate-forme réunissant les associations françaises et celles des pays d'origine, qui « aura pour vocation d'accompagner les mineurs vers la réalisation d'un projet personnel de réinsertion, dans un même cadre de travail : accord de point de vue sur le suivi éducatif, sanitaire et social du mineur, retour dans sa famille ou, à défaut, dans une famille d'accueil ou dans des structures adaptées garantissant un retour réussi ». Une table ronde entre les associations françaises chargées de la mise en application du dispositif expérimental et les associations roumaines est d'ores et déjà programmée pour le 4 octobre, dans l'esprit du « mémorandum d'entente » signé le 30 août à Bucarest par Dominique Versini et un représentant du gouvernement roumain « sur la question des mineurs roumains en difficulté sur le territoire français ». Ce texte prévoit que les ONG des deux pays coordonnent leurs activités « autour d'un programme commun ». Il annonce également la signature « dans les plus brefs délais » d'un accord intergouvernemental sur la mise en place d'un dispositif concerté de prise en charge des mineurs roumains.
Par ailleurs, une étude épidémiologique visant à évaluer avec précision le nombre de mineurs à la rue, leurs caractéristiques et les pays dont ils sont originaires, va être lancée, a annoncé la secrétaire d'Etat, qui espère de premiers résultats en juin 2003.