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« L'opposition des acteurs sociaux à la logique capitaliste »

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« Il est urgent de repenser » l'opposition entre acteurs sociaux et logique capitaliste, estime Laurent Ott (1) en réaction au rapport du Medef (2) et à notre article sur « Le travail social face à la mondialisation »   (3).

« La lutte contre la mondialisation et la “marchandisation” économique de la relation éducative et d'aide fait aujourd'hui l'objet d'un assez large consensus au sein de la population.

« Pour autant (et je crois que cela va dans le sens du pavé dans la mare de M. Karsz), je pense que ce seul registre de dénonciation, de prévention, demeurera malheureusement complètement stérile et inopérant si on en reste à un simple stade “éthique”.

« Il ne s'agit pas tant de simplement condamner les velléités d'ingérence du secteur privé dans le secteur social que de tirer le bilan alarmant de l'intrusion des Iogiques économiques, sécuritaires et utilitaristes dans la mentalité même des acteurs sociaux, des équipes et des institutions, qui, pourtant, relèvent du secteur associatif. Quand, par exemple, les éducateurs et les enseignants envisagent la relation éducative sur le mode du “contrat”, ne s'inscrivent-ils pas eux aussi dans une vision libérale de la société ?

« Il est devenu urgent de repenser d'une façon plus complexe et complète l'opposition des acteurs sociaux à la logique capitaliste : comment y articulons-nous, par exemple, notre critique du sécuritarisme d'Etat ?

« Comment ne pas voir que le phénomène que nous dénonçons a, en réalité, deux visages : d'un côté un étatisme de plus en plus tatillon qui se pare de “vertus républicaines”, tracassier et sécuritaire, et de l'autre le règne du “à chacun selon ses moyens” sur fond de démission de toute ambition ou projet social ou éducatif positif ?

« Les défenseurs inconditionnels du service public sont ainsi souvent abusés par le fait que les institutions et les pratiques qu'ils continuent de défendre sont de plus en plus retournées, indigentes, intolérantes, et ne permettent pas en leur sein l'expression et l'implication des personnes et publics concernés.

« Bref, d'un côté, un secteur public de moins en moins public et, de l'autre, un secteur privé de plus en plus privé ; quel espace de résistance serait encore possible ? Viendra-t-il des partis ou du maigre espace consacré à la politique dans notre société ? Les dernières élections peuvent nous en faire douter, tellement la conception de la politique reposant sur la délégation est aujourd'hui en panne !

« Contre cette conception, délégataire et démissionnaire, traditionnelle de la politique, il me semble qu'au contraire la place des acteurs sociaux (sous ce terme, je comprends les professionnels, les militants et les “usagers”) est du côté de la réappropriation des espaces publics et des institutions qui, localement, les concernent. Car ceux qui estiment ne plus avoir grand-chose à dire, ou qui ont perdu l'espoir d'être entendus lors des grands moments électoraux, ont par contre toujours quelque chose à défendre et à proposer quand il s'agit de faire vivre des lieux sociaux.

« Elle est là, la seule défense contre un libéralisme par le haut : c'est la réappropriation et l'occupation, par le bas, des espaces sociaux dans lesquels on va restaurer et réinventer des rapports humains de type non marchand qui redonneront leur place à tous les “exclus”, les “sans-droits” et les “sans-expression” : actions bénévoles, militantes, trocs de services, organisation de temps conviviaux non marchands.

« Au fond, il n'y a pas à choisir entre une société de service et une société marchande ; les deux logiques ont montré depuis longtemps leurs limites anti-démocratiques, vénales ou autoritaires. A l'opposé de ces deux conceptions, qui, au fond, relèvent toutes deux d'une vision assez utilitariste de la société, ce qu'il s'agit de soutenir (et les acteurs sociaux sont au cœur de cet ouvrage), c'est une logique de relations humaines basées sur le don et la relation éducative. Il n'y a rien à attendre, c'est juste un pouvoir que l'on peut se donner ensemble. »

Notes

(1)  Educateur, militant associatif, docteur en philosophie : 28, rue des Marguerites - 91160 Longjumeau - Tél. 06 61 48 21 98.

(2)  Voir ASH n° 2270 du 5-07-02 et ce numéro.

(3)  Voir ASH n° 2274 du 30-08-02.

LE SOCIAL EN ACTION

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