Quelle est l'influence de l'âge, du sexe, mais aussi des variables économiques et socio-culturelles sur les dépenses de santé ? C'est ce que cherche à déterminer une étude publiée par la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES), synthétisant des données de la caisse nationale d'assurance maladie et du Centre de recherche, d'étude et de documentation en économie de la santé (1).
Certaines de ses conclusions sont bien connues, telle l'augmentation avec l'âge des dépenses individuelles de soins, cette croissance s'accélérant à partir de 50 ans pour les dépenses ambulatoires, notamment de médicaments, et à partir de 60 ans pour les dépenses hospitalières. Ou encore le fait que les femmes consomment plus de soins ambulatoires que les hommes entre 20 et 60 ans.
Plus intéressante est la mise en évidence du « lien étroit » entre consommation de soins et catégories socio- professionnelles, même si les sources utilisées sont antérieures à la mise en place de la couverture maladie universelle. A âge et sexe identiques, ce sont les ouvriers qui dépensent le plus (+ 15 % par rapport à la moyenne), suivis des ouvriers qualifiés (+ 8 %), des employés (dans la moyenne), des professions intermédiaires (- 4 %) et des cadres et professions intellectuelles supérieures (- 13 %). « Les dépenses totales de santé plus élevées des ouvriers sont toutefois exclusivement dues à leurs dépenses hospitalières », précise l'auteur, qui explique cette situation par « les situations ou les comportements à risque [...] plus fréquemment observés chez les catégories les plus modestes », la gravité supérieure des pathologies, « compte tenu d'un moindre recours à la prévention ». « La disparité des risques professionnels ou de l'environnement peut également induire des pathologies spécifiques, des accidents plus nombreux ou une détérioration générale de l'état de santé pour ces catégories socio-professionnelles », ajoute-t-il. En revanche, « toutes choses égales par ailleurs », le recours aux soins ambulatoires - consommations de généralistes et spécialistes, de pharmacie, de biologie et de soins dentaires - est plus faible que la moyenne dans les ménages ouvriers et plus élevé chez les cadres.
(1) « Les déterminants individuels des dépenses de santé » - Etudes et résultats n° 182 - Juillet 2002 - DREES.