Existe-t-il en Europe un paradis où les handicapés seraient bien intégrés dans la société ? Apparemment pas, même si la Finlande fait souvent mieux que les six autres pays- Autriche, Espagne, France, Grèce, Italie, Suède - où une enquête vient d'être réalisée sous les auspices du Forum européen des personnes handicapées (1).
Dans six pays sur sept, le revenu garanti aux handicapés (562 € en moyenne) est très inférieur à ce qui est considéré comme le minimum décent (904 € en moyenne), l'Espagne, la France et l'Italie étant les plus mal placées dans ce domaine. Tous les indices vont dans le même sens :94 % des intéressés considèrent que les prestations d'invalidité sont insuffisantes pour satisfaire leurs besoins et couvrir les coûts supplémentaires entraînés par leur handicap, 77,5 % s'estiment comme pauvres (50 %) ou très pauvres (27,5 %). Seuls 31 % des adultes handicapés ont un emploi, les autres étant chômeurs (21 %) ou inactifs (42 %).
59 % des enfants sont scolarisés en école ordinaire, mais le soutien qui leur est fourni est trouvé insuffisant dans 61 % des cas (et bon ou très bon dans 16 %). Les services de santé sont globalement jugés accessibles, plus, en tout cas, que les services sociaux, les obstacles les plus importants étant détectés dans les services de l'emploi et de la formation professionnelle. Pour l'assistance sociale proprement dite, la France est en tête, avec une « note » de 7 sur 10.
Partout, les équipements sociaux sont jugés difficilement accessibles, les magasins, les lieux de culte et les logements étant juste un peu mieux classés que les équipements sportifs et de loisirs. Les transports, pourtant si déterminants pour l'emploi et la vie sociale, font l'objet d'une note moyenne de 5 sur 10, l'Europe du Nord tirant sur ce point les résultats vers le haut. L'accès aux nouveaux services de la « société de l'information » semble à peine plus aisé et même creuse, pour certains, de nouvelles inégalités.
Dans de nombreux cas, les difficultés de communication et les « attitudes sociales négatives » à leur égard constituent des obstacles à l'intégration des handicapés aussi importants que l'inaccessibilité des équipements et les difficultés financières, précise le rapport.
Malgré les difficultés méthodologiques inhérentes à une enquête portant sur des systèmes sociaux très différents - et où l'appréciation même du handicap ne semble pas homogène - « l'étude confirme sans équivoque [...] que le handicap constitue l'un des facteurs majeurs de l'exclusion sociale ». Ce que l'on savait déjà mais qui va mieux en le mesurant ! Le rapport insiste donc pour que des indicateurs sur la situation des handicapés soient systématiquement intégrés dans l'évaluation des situations sociales. Et que des objectifs concernant ces mêmes personnes - déterminés avec elles - soient aussi systématiquement insérés dans les politiques d'intégration. Dès 2003, proclamée « année européenne des personnes handicapées ».
(1) « Handicap et exclusion sociale dans l'Union européenne. Le temps du changement, les outils du changement » - Disponible auprès du Conseil français des personnes handicapées pour les questions européennes - C/o APF : 17, boulevard Blanqui - 75013 Paris - Tél. 01 40 78 69 94.