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« Emplois-jeunes et... emplois-jeunes ? »

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Jean-Luc Charlot, chargé de mission à la mission locale de l'agglomération caennaise (1), suggère de conjuguer le programme « emplois- jeunes » et le dispositif « jeunes en entreprise », proposé par le nouveau gouvernement, dans le cadre d'une « stratégie globale de politique de l'emploi ».

« En titrant que les “emplois-jeunes passent du public au privé”, Le Monde du 11 juillet 2002 a fait la preuve que ses rédacteurs avaient le sens de la formule, mais aussi que leur intention ne semblait pas, ce jour-là, de vouloir contribuer à lever les confusions qui contaminent le débat concernant les questions de politique d'emploi depuis une vingtaine d'années. En effet, hormis le fait que des jeunes de 18 à 22 ans puissent être salariés dans le cadre de ces deux dispositifs, il n'existe pas d'autre point commun entre le programme “nouveaux services, emplois-jeunes” et le dispositif “jeunes en entreprise” que François Fillon a présenté en conseil des ministres (2).

« Le premier, les “emplois-jeunes” du gouvernement précédent, était un programme visant avant tout à créer des services nouveaux pour “mieux vivre ensemble”. L'intention principale était d'enrichir la croissance en emplois, tout en explorant la résolution d'un certain nombre de problèmes “sociaux”. Même si aujourd'hui les résultats de ce programme sont contrastés (3), il a incontestablement ouvert des perspectives concernant la nécessaire rénovation de l'offre de services d'intérêt collectif dans notre pays, et ce sur au moins trois points : - il a permis de démarrer la structuration de “nouveaux services”. Pour n'en citer qu'un seul, l'accompagnement des élèves handicapés en milieu ordinaire (10 000 emplois concernés)  ;

- il a permis que s'amorce localement des recompositions entre associations, collectivités territoriales et Etat, sur la question du portage institutionnel de ces services et de leur financement. [...] ;

- il a permis, enfin, l'expérimentation et un début d'outillage méthodologique sur la qualité et l'utilité sociale. Réflexion que la diversité de ces “nouveaux services” a permis de stimuler, fournissant ainsi un cadre qui pourrait être généralisé à l'ensemble de ce secteur en forte progression.

« Le second, le dispositif “jeunes en entreprise”, est d'une autre nature. Il vise principalement à abaisser le coût du travail, considéré comme un obstacle à l'embauche. Même si les résultats de ce type de dispositif ne sont pas totalement avérés, il est prévisible qu'il provoquera une certaine stimulation de l'offre d'emplois. [...] Aussi, et c'est une évidence, un certain nombre de jeunes trouveront-ils plus vite, grâce à ce dispositif, l'occasion d'une première expérience professionnelle...

« En ce sens, ces “emplois-jeunes”-là ne sont pas à opposer à ces “emplois- jeunes”-ci. Ces deux dispositifs pourraient même astucieusement se compléter dans le cadre d'une stratégie globale de politique de l'emploi. Le premier œuvrant sur le long terme de la rénovation des services d'intérêt collectif, tout en permettant une intégration de jeunes salariés [...]. Le second, œuvrant à court terme pour stimuler un marché de l'emploi juvénile qui, après trois années d'embellie, donne à nouveau des signes de faiblesse.

« [...] A vouloir opposer ce nouveau dispositif aussi frontalement à l'ancien programme “emplois-jeunes”, le gouvernement prend le risque de stopper les effets d'une dynamique qui reste encore, pour l'essentiel, à pérenniser. Car si l'on en croit, en effet, les conclusions du rapport du Plan, les chantiers de réforme ouverts par l'expérimentation du programme “nouveaux services, emplois-jeunes” sont aussi vastes que l'investissement méthodologique et les concertations entre les services de l'Etat, les conseils régionaux et l'Etat, nécessaires à la conduite de ces chantiers, sont importants.

« Pour le dire comptablement, à vouloir diminuer une dépense, le gouvernement prend le risque de se priver d'un retour sur investissement ! »

Notes

(1)  Mission locale de l'agglomération caennaise : 1, place de l'Europe - 14200 Hérouville-Saint-Clair - Tél. 02 31 46 21 46.

(2)  Voir ASH n° 2271 du 12-07-02.

(3)  Voir le Rapport de l'instance d'évaluation des mesures d'aide aux emplois du secteur non marchand. Conseil national de l'évaluation - Commissariat général du Plan - La Documentation française - Février 2002.

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