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« Le service social et l'extrême droite »

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Effarée par les résultats du premier tour de l'élection présidentielle, Jacqueline Etienne-Leclercq, assistante sociale au sein d'un conseil général, s'interroge sur « le lien entre la politique et le social »   (1).

« Après l'élection présidentielle, le moment d'effarement passé et à l'écoute des différentes analyses, je n'ai pu m'empêcher d'émettre des hypothèses, que je souhaite partager avec les lecteurs.

« Après une formation et une expérience professionnelle d'assistante sociale, j'occupe un poste d'encadrement technique au sein d'un département qui est resté attaché à la polyvalence intégrale de secteur. La finalité de cette fonction est de veiller à la qualité du service rendu à l'usager, en apportant aide et conseils techniques aux professionnels de terrain.

« Ces dernières années, les orientations nationales et locales nous ont permis de travailler à une simplification et une rationalisation des réponses à apporter aux différentes situations auxquelles l'assistante sociale pouvait être confrontée.

« Or la description qui nous a été donnée de l'électeur “type” qui a dopé les scores habituels du Front national correspond, sensiblement, au profil de l'usager du service social ;portrait type que l'on peut retrouver dans les différentes statistiques utilisées, par exemple, pour définir les bénéficiaires du revenu minimum d'insertion.

« Cette correspondance typologique retrouvée dans un vote qualifié unanimement de protestataire ne peut que renvoyer à la fonction qu'a opérée le service social et, peut-être plus précisément, l'assistante sociale.

« Comment cette catégorie de la population a-t-elle été acculée à cette tentative de prise de pouvoir ? De quelle manière avons-nous participé à ne lui permettre une reconnaissance sociale que par le biais d'un parti dont le moins qu'on puisse en dire est qu'il ne s'appuie pas sur les valeurs fondatrices de la profession ?

« J'ai pu constater, à l'exception de quelques expériences menées localement, que la mise en place de dispositifs (et depuis décembre 1988 les législateurs ont été prolifiques) et leur gestion au moyen de multiples procédures, ainsi que la quantification exagérée de l'acte social (et non pas de l'action sociale), ont relégué tout à fait à l'arrière-plan les notions essentielles d'écoute, d'échange, de rencontre du mode de vie de l'autre et de confident nécessaire.

« Le contrat, qui devait oblitérer la relation de pouvoir entre l'assistante sociale et l'usager, est en passe de devenir un acte administratif comme un autre, quand ce n'est pas un contrat de dupe, lorsque, en dehors de l'allocation, il n'y a pas de contrepartie à proposer ou uniquement en privilégiant le domaine professionnel.

« A quel moment cet usager est-il acteur de sa vie ? Dans quel circuit administratif est-il en position d'affirmer sa volonté et ce qu'il pense meilleur pour lui ? Où lui avons-nous laissé une place, ailleurs que sur “le bord de la route” ?

« La révolution sociale à laquelle nous venons d'assister devrait nous interroger plus profondément : “remet- tre l'usager au centre de nos pratiques” certes, mais n'avons-nous pas davantage à réfléchir sur comment adapter nos pratiques à chacun des usagers que nous rencontrons ? »

Notes

(1)  Jacqueline Etienne-Leclercq : 4, rue des Bouvreuils - 60000 Beauvais - Tél. 03 44 48 08 08.

LE SOCIAL EN ACTION

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