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La santé mentale des Français

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D'une organisation centrée sur la maladie à un dispositif qui doit aussi tenter de faire face au mal-être croissant d'une partie de la population : tel est le défi que doit relever la psychiatrie pour répondre à la demande qui lui est adressée. Mais l'état des lieux dressé dans cet ouvrage par une palette de spécialistes fait clairement apparaître que l'ouverture de la psychiatrie sur le champ plus large de la santé mentale se heurte encore à de nombreux obstacles.

Il y a 40 ans pourtant, la sectorisation psychiatrique entendait bien, déjà, instaurer un changement de logique pour mieux adapter les pratiques aux besoins des patients. Cette révolution, aujourd'hui, s'avère, néanmoins, loin d'avoir porté tous ses fruits. Malgré une modification substantielle des modalités de prise en charge - 70 % des patients des établissements publics sont suivis en extrahospitalier -, l'hospitalisation à temps plein continue à absorber 80 % des dotations budgétaires. Autrement dit, pour assurer les soins en ambulatoire (prévention et réinsertion comprises), les établissements ne disposent que de 20 % de leurs ressources globales. En outre, la continuité des soins est également obérée par les déficits d'articulation entre les dispositifs sanitaire et social, alors même que les patients devraient pouvoir bénéficier de prises en charge successives ou conjointes par les tenants de ces deux secteurs. Transferts inadaptés dans des services d'hospitalisation, réorientations prématurées vers le médico- social de patients non stabilisés, passages répétés et mal maîtrisés d'un dispositif à l'autre, constituent autant de ruptures préjudiciables qu'analyse Catherine Martin Le Ray, directrice d'hôpital et membre de la Mission nationale d'appui en santé mentale. Quant aux personnes très désinsérées, dont la souffrance s'exprime souvent sous des formes ne correspondant ni aux schémas nosographiques ni aux codes d'intervention traditionnels, « elles seront considérées comme des cas pathologiques par les institutions d'assistance et comme des cas sociaux par les institutions psychiatriques », ajoute la directrice.

Pour elle, comme pour le psychiatre Gérard Massé, responsable de la mission d'appui, la mise en place de réseaux de soins, au sein desquels la psychiatrie doit prendre sa place sans positionnement hégémonique, pourrait permettre de décloisonner le sanitaire et le social. Cependant, le travail en réseau suppose que les différents professionnels de chacune des filières coordonnent leur action autour de projets communs. C'est pourquoi Marcel Jaeger, directeur de Buc Ressources (Yvelines), plaide pour le développement de formations transversales et insiste sur la nécessité de préparer les professionnels à saisir les mutations en cours pour faire évoluer dispositifs et pratiques.

La santé mentale des Français - Sous la direction de Raymond Lepoutre et Jean de Kervasdoué - Ed. Odile Jacob -27,50  .

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