En marge des progrès techniques dont les sociétés de l'information font leur miel, les personnes en difficulté face à l'écrit voient se réduire leurs possibilités de participation sociale. « Les risques d'exclusion qui, semble-t-il, accompagnent l'illettrisme apparaissent comme des “effets collatéraux” d'une culture de la performance, qui sanctionne les moins efficaces et qui, dans le même mouvement, connaît un nombre grandissant d'enfants sachant lire et écrire avant 6 ans », souligne Jean-Philippe Rivière. Linguiste, chargé d'évaluer l'illettrisme auprès de jeunes, de bénéficiaires du revenu minimum d'insertion et de détenus, l'auteur s'emploie notamment à décrire les aléas de parcours scolaires n'ayant pas permis de dépasser l'apprentissage de l'écrit pour en faire un véritable outil de communication et de travail - cependant que la main-d'œuvre illettrée, auparavant tolérée, se trouve progressivement écartée de l'emploi. Parallèlement, malgré une augmentation substantielle des budgets consacrés à la lutte contre l'illettrisme - « priorité nationale » dans la loi de lutte contre les exclusions -, le bilan est plus que nuancé. Les outils pédagogiques sont à l'image de l'offre de formation : au mieux, hétérogènes, et souvent inadaptés.
Illettrisme, la France cachée - Jean-Philippe Rivière -Ed. Gallimard, Folio/Actuel - 8 € .