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Propositions concrètes pour prévenir les conduites à risques des jeunes

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C'est un rapport très pragmatique, proposant un ensemble de mesures ciblées visant à améliorer la santé des jeunes et à limiter les prises de risques et/ou leurs effets, qu'a remis à Bernard Kouchner, le 19 avril, Xavier Pommereau, psychiatre à l'unité médico-psychologique de l'adolescent et du jeune adulte du centre hospitalier universitaire de Bordeaux (1). Un document guidé par ce constat liminaire : « Un discours hygiéniste et menaçant qui supposerait les jeunes incapables ou ignorants et qui s'adresserait à eux pour les dissuader par la peur serait, au mieux, inutile, au pire, dangereux, car susceptible de provoquer des effets inverses à ceux escomptés : repli passif et frileux, attitudes de défi, voire contre- attitudes délibérément risquées. »

Du concret, donc. Il préconise d' « interdire la vente de toute substance psychoactive » aux moins de 16 ans, « pour retarder l'âge des premières consommations, la précocité de l'usage étant un facteur de risque majeur ». En ce qui concerne plus particulièrement l'alcool, - le produit expérimenté le plus tôt par les jeunes, en moyenne à 13,1 ans chez les garçons -, il souhaite que les fabricants soient incités à commercialiser des bouteilles de moin- dre contenance et moins concentrées en alcool. Pour éviter les accidents de la route - première cause de mortalité chez les jeunes, avec 40 % des décès des 15-19 ans -, une campagne nationale devrait être menée afin que les communes, les associations et les gérants d' « établissements festifs » mettent en place des navettes gratuites entre les discothèques et les centres-ville. Afin de renforcer la prévention des conduites sexuelles à risques, Xavier Pommererau recommande la pérennisation de la mise à disposition gratuite de préservatifs dans les plannings familiaux ainsi que l'extension de cette mesure aux pharmacies, sur présentation de la « carte jeune ». « Pour de nombreux cliniciens en charge d'adolescentes, la sexualité non protégée est, dans certains cas, moins accidentelle que délibérément risquée, voire suicidaire », ajoute-t-il en proposant une consultation avec un psychologue après toute interruption volontaire de grossesse (IVG) et, « pour les jeunes filles connaissant deux IVG ou plus en trois ans, un suivi psychologique ».

Plus généralement, dans le domaine de la santé mentale, l'auteur souligne la nécessité d'une enquête épidémiologique sur la santé et les habitudes de vie des enfants scolarisés (incluant l'étude des signes de souffrance psychique) et d'un soutien accru à la politique de réseau transdisciplinaire (par l'intégration, par exemple, des rencontres intra et inter-institutionnelles dans les temps d'activité des professionnels). Par ailleurs, face à des adolescents « particulièrement réfractaires aux dispositifs trop marqués par la maladie mentale ou à ceux qui ne distinguent pas les “petits” des sujets de plus de 8-10 ans », il recommande le développement de nouveaux dispositifs de consultations spécialisées pour les plus grands et l'amélioration des conditions d'accueil des services existants (intersecteurs, CMPP) de façon à différencier nettement la prise en charge des enfants en bas âge et celle des plus grands. En outre, « sachant que l'adolescence est aujourd'hui une période durable qui débute avant la puberté et qui se poursuit bien au-delà de la fin de la croissance, le bornage supérieur en âge de la pédopsychiatrie, fixé administrativement à 16 ans, n'apparaît plus adapté », estime Xavier Pommereau. Lequel suggère de porter ce seuil à 18 ans, « tout en maintenant le bornage inférieur de la psychiatrie adulte à 16 ans, afin de ménager un chevauchement entre 16 et 18 ans permettant un choix adapté ».

Enfin, d'une manière générale, « il apparaît indispensable de susciter des actions d'information auprès de tous les jeunes », insiste le rapport. Son auteur préconise donc de « soutenir, dans la durée, les moyens accordés au Fil santé jeunes (2), sachant que l'effectif des professionnels écoutants de ce numéro vert national doit être adapté à la progression des appels émanant de jeunes en difficulté ou en détresse ». Les programmes régionaux d'accès à la prévention et aux soins doivent de leur côté favoriser le recours aux soins des jeunes en situation de précarité, « en développant des actions ciblées auprès des 16-25 ans sortis du système scolaire et en démarche d'insertion professionnelle, des jeunes désinsérés socialement [...] et des étudiants en difficulté économique et en situation de mal-être ». A développer, également, la formation initiale et continue en éducation pour la santé des professionnels de l'Education nationale et de ceux travaillant auprès des jeunes déscolarisés ou en insertion.

C. G.

Notes

(1)  Santé des jeunes - Orientations et actions à promouvoir en 2002 - Xavier Pommereau - Avril 2002 - Disp. sur le site www.sante.gouv.fr.

(2)  0 800 235 236. Appel anonyme et gratuit.

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