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Front uni contre la discrimination et l'exclusion prônées par l'extrême droite

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« I

mmense émotion » pour la Fédération des mutuelles de France (FMF). «  Extrême inquiétude  » pour la Fédération APAJH. «  Tragédie  » pour le Mouvement national des chômeurs et des précaires  (MNCP). Mise en péril des valeurs du travail social pour l'Association nationale des assistants sociaux (ANAS). Le score du Front national et sa présence au deuxième tour de la présidentielle ont créé un choc au sein des associations, syndicats et fédérations du secteur. Et un consensus pour refuser une extrême droite prônant ouvertement la discrimination, l'exclusion, la xénophobie et la régression sociale.

Des valeurs incompatibles avec le travail social…

« Après l'émotion, le monde de la santé et de l'action sociale doit réagir au danger que représente, pour ses propres valeurs, cette situation », a aussitôt affirmé la Fédération de la santé et de l'action sociale CGT. « Profondément attachés à des valeurs humaines, de dignité, de respect de la personne, de solidarité, à l'égalité des droits et de traitement, à la justice sociale, nous ne pouvons que tout mettre en œuvre pour faire barrage aux thèses de l'extrême droite de Jean-Marie Le Pen. » Celles-ci symbolisent, selon la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale d'Ile-de-France, « l'opposition totale à toutes les idées que nous prônons depuis de longue année ».

Même condamnation par l'ANAS qui rappelle que les valeurs défendues par Jean-Marie Le Pen sont totalement incompatibles avec celles portées par les assistants de service social. Ceux-ci se réfèrent en effet au code de déontologie de l'ANAS qui précise dans son article 2 que le professionnel «  met sa fonction à la disposition des personnes quelles que soient leur race, leur situation, leur nationalité, leur religion, leur opinion politique et cela quels que soient les sentiments que ces personnes lui inspirent  ».

C'est donc une exhortation à la vigilance que lance l'association en direction des professionnels. « Les valeurs de fraternité, de non-discrimination, de respect de la personne quelle que soit son origine ne se discutent pas. Les travailleurs sociaux refusent toutes les pratiques s'appuyant sur la discrimination », affirme-t-elle avec fermeté. «  Aujourd'hui plus que jamais les assistants de service social restent solidaires des populations en souffrance. Elles ont comme tous le droit de vivre dans la dignité et le respect. Accueillons-les et multiplions les actes de solidarité à leur égard. »

C'est évidemment un sentiment de consternation qu'éprouve également Pascale Morbelli, ex-éducatrice de rue de la municipalité de Vitrolles, licenciée en 1997, et ancienne porte-parole de l'association La Charrette (qui regroupait les personnels sociaux licenciés par la ville). « Le laboratoire qu'a constitué Vitrolles [gérée depuis février 1997 par Catherine Mégret (MNR) ] a débordé », s'alarme-t-elle, indiquant combien la ville s'est désinvestie de tous les dispositifs d'aide et d'accompagnement existants et pratique une politique isolationniste. «  Son retrait est particulièrement frappant dans les quartiers populaires qui sont dans un état lamentable : le ramassage des poubelles, l'entretien des espaces verts n'est plus effectué », explique-t-elle.

Dans un communiqué, Bruno Bidet, secrétaire de la section de la CFDT Interco 13 de Vitrolles (1), liste d'ailleurs «  les graves conséquences  » de l'arrivée de l'extrême droite à Vitrolles. «  Dans une atmosphère de haine et de violence, des pans entiers du service public ont été détruits. Le secteur social, avec tout ce qui touchait de près ou de loin à la citoyenneté et au tissu associatif, a été arbitrairement liquidé », souligne-t-il, évoquant tour à tour la suppression des subventions aux syndicats et aux associations humanitaires, la fermeture des centres aérés, les licenciements des agents sociaux et les discriminations qu'ils avaient subies dont nous nous étions largement fait l'écho à l'époque.

Le syndicaliste cite également l'instauration de « la préférence nationale » sur le logement et l'emploi, la création d'une prime de naissance à partir de critères discriminatoires (pour laquelle la maire a été condamnée en correctionnelle), la répression envers les jeunes...  « Aujourd'hui, cette ville est exsangue. Le niveau d'endettement est colossal. Il ne s'y passe plus rien. Le taux d'insécurité a explosé. » Pas question néanmoins, pour Pascale Morbelli de céder au désespoir. La montée de l'extrême droite au sein de l'électorat populaire doit amener une véritable réflexion sur l'engagement professionnel des travailleurs sociaux, souligne-t-elle. Rappelant qu'ils ne doivent pas simplement réparer mais « faire un travail d'émancipation des populations pour les rendre acteurs de leur vie ».

…qui appellent un vote de refus

Sur un plan plus général, les organisations avancent leurs analyses. La gauche s'est «  satisfaite de la baisse du nombre des chômeurs pour solde de tout compte, sans parvenir à voir que la précarisation générale, le creusement des inégalités finiraient par avoir un coût politique », juge Agir contre le chômage (AC !). « Tout en reconnaissant le véritable problème des incivilités dans la vie des quartiers et dans les centres des villes, nous devons refuser qu'il soit l'unique sujet d'une campagne électorale », assure pour sa part la Confédération syndicale des familles (CSF).

Pour le deuxième tour, toutes ces organisations appellent à contrer l'extrême droite . Avec des nuances. La Fédération CGT de la santé et de l'action sociale souhaite « marginaliser au maximum le score [de Jean-Marie Le Pen] le 5 mai, par un vote éthique ». Le MNCP invite à lui « faire barrage, pas seulement dans les urnes ». AC ! n'évoque même pas le scrutin, préférant « le langage des signes » dans les manifestations de rue. Par contre, la CSF appelle clairement à voter pour Jacques Chirac, tout comme l'APAJH qui parle « d'une cohésion républicaine inédite mais nécessaire  ». Ou encore l'Association pour l'emploi, l'information et la solidarité des chômeurs et travailleurs précaires (APEIS) qui incite à mener parallèlement « la bataille de fond » et à « s'attaquer réellement aux problèmes de pauvreté, de misère, de chômage, d'urgences ».

« Il n'y a aucune fatalité à la régression démocratique et sociale, au recul du bien commun et de la liberté, écrit la FMF. Mais il faut avoir le courage de modifier en profondeur les modes de représentation et d'organisation actuels. » Une démarche qui doit « s'inscrire dans l'avenir d'une France plus fraternelle et plus solidaire », espère l'APAJH.

Notes

(1)  Voir l'interview sur notre site www.ash.tm.fr.

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