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« François Bloch-Lainé, un père fondateur de l'action sociale moderne ? »

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Hugues Feltesse, ancien directeur général de l'Uniopss, salue, pour les ASH, la mémoire de François Bloch-Lainé, décédé le 25 février à l'âge de 89 ans. Président de l'Uniopss de 1981 à 1992, « il avait donné un nouveau souffle à l'action associative dans le champ social ».

« Avec son décès [...], disparaît pour l'action sociale [...], une référence, un repère, un “éclaireur” particulièrement important. Considéré par des générations de fonctionnaires comme un modèle par sa haute conception du devoir d'un Etat impartial et capable de faire face aux mutations économiques et culturelles, il [...] ne cessa de rappeler aux gouvernements les dangers d'un affaiblissement de la solidarité envers les plus faibles.

« Après avoir connu l'expérience du scoutisme, des équipes sociales, des comédiens routiers (avec Jacques Copeau) et de la Résistance, ainsi que passé son doctorat en droit avec une thèse sur l'éducation populaire, il était plus que légitime qu'avec son constant souci de faire bouger les choses et les gens, il soit porté à la présidence de l'Uniopss. Auparavant en qualité de haut fonctionnaire, il avait en 1969 constitué la clé de voûte de la politique du handicap pour les 30 années suivantes, à partir d'un rapport remis au Premier ministre [...], le “rapport Bloch-Lainé” sur “l'étude du problème général de l'inadaptation des personnes handicapées”. Au début des années 70, ce rassembleur d'humanité avait également réuni autour de lui des militants et responsables associatifs de toutes obédiences [...] pour mieux faire reconnaître l'importance de la vie associative par les pouvoirs publics.

« Mais pourquoi l'action sociale moderne doit-elle honorer sa mémoire ? Celle-ci me paraît au moins lui devoir quatre grands principes exigeants qu'on est encore loin d'avoir totalement mis en œuvre et qu'il a su faire reconnaître à la tête de l'Uniopss.

« Le compagnonnage. “La fonction multiplicatrice que nous devons privilégier est la fonction d'accompagnement, soulignait-il. On sait que les ´méthodes actives' sont plus efficaces en éducation que le didactisme ordinaire. De même dans l'action sanitaire et sociale, de l'accompagnement ainsi compris, au compagnonnage (ou partenariat), la séquence doit être continue, dans notre dialectique comme elle doit l'être dans notre pratique.”

«  La légitimité d'émergence. “Il faut s'imposer par ce que les sociologues appellent ´la connaissance du social existant'. Cette connaissance n'est probante que si elle procède d'échanges avec les intéressés, si modeste soient-ils [...]. Pas d'audience sans écoute !, aimait-il marteler. Pour obtenir de nouvelles adhésions, pour déterminer de nouvelles convictions, il faut faire état d'adhésions, de convictions précédemment acquises, de racines, de liens, de marques de confiance. Il faut prouver aux élus du secteur public, aux donateurs du secteur privé (particuliers et entreprises), aux journalistes des médias, cette légitimité d'émergence.”

«  La déontologie de la transparence. “Le perfectionnement de notre communication est à opérer, de façon continue, de nos ´chaînes' internes à celles des grands médias dont nous ne pouvons pas désormais nous passer sans devenir impuissants ou sans laisser d'autres que nous parler mal en public de ce que nous connaissons et faisons. C'est en nous exerçant à l'explication, à la publication du dedans de nos organisations que nous réussirons à nous mieux faire comprendre au dehors [...], insistait-il[...] créant le Comité de la charte pour la déontologie des organisations sociales et humanitaires. A nous de savoir, tout en maintenant notre spécificité essentielle, adapter les disciplines et les méthodes qui nous conviennent pour mieux affirmer cette déontologie et cette transparence.”

«  Le social condition du succès de l'économique. “Le social n'est pas qu'une retombée de l'économique, il en conditionne le succès [...], affirmait ce grand financier. L'action sociale doit avoir avec l'action économique plus d'alliances. En nous appliquant à resserrer la trame du tissu social, nous rencontrons la nécessité de relier davantage le tissu social au tissu économique.”

«  “Ceux avec lesquels je me sens le plus d'accord donnent la priorité à la défense des faibles contre les forts, des exploités contre les exploitants, ainsi qu'au développement des solidarités qui sont coûteuses pour les privilégiés”, écrivait-il, en 1995, à la fin de son Ce que je crois   (1). Longtemps cet homme engagé marquera nos actions de son empreinte ! »

Notes

(1)  Editions Grasset - 1995.

LE SOCIAL EN ACTION

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